Gotham ou la définition même du gâchis. La série raconte le quotidien de la mythique cité de Batman lors de la jeunesse de ce dernier (en prenant comme point de départ le meurtre de ses parents. Elle se concentre sur les enquête de James Gordon, alors jeune inspecteur tout beau tout fraîchement débarqué à la brigade. Il sera accompagné, comme dans tout cop show qui se respecte, d'un vieux de la vieille du nom de Harvey Bullock. Plutôt corrompu, plutôt laxiste, mais pas franchement méchant parce que faut pas déconner non plus, il connaît bien évidemment toutes les ficelles du métier et retrouvera son intégrité au contact de son jeune collègue. Autour d'eux gravitent les personnages qui font la mythologie du Bat-universe, Bruce Wayne, Alfred, Selina Kyle, mais aussi de très (trop) nombreux méchants (Pingouin, l'Homme mystère,...). La série est plutôt bien interprétée, avec une exagération toute relative aux comics, des acteurs solides et crédibles, même les jeunes s'en sortent bien et sont choupis comme tout. Les dialogues sont relativement explicatifs dans l'ensemble mais on a droit à quelques saillies et tirades sympathiques. Le gros point fort de la série c'est son ambiance, elle ne copie pas sur les modèles faciles (Burton, Nolan) et crée son propre univers, sombre mais souvent drôle et déjantée, très bande-dessinée. Qui plus est la direction artistique est superbe avec une photo magnifique et de très beau plans de la ville (Gotham est une sorte de Chicago rétro-futuriste).
Mais le scénario...La première saison enchaînait des enquêtes indépendantes à chaque épisode avec une inspiration inégale, on sentait que ce qui intéressait les créateurs c'était de développer l'intrigue de fond mais grand network publique oblige, il fallait bien tester la rentabilité du produit. Fort de ses audiences, la Fox nous a promis une saison 2 à l'intrigue plus suivie et, malgré un final de la saison 1 dont l'incohérence laissait un peu perplexe, c'était alléchant. Et on y a cru pendant facilement 2 épisodes. Après ça rien ne nous aura été épargné : trous scénaristiques, surabondance de méchants dont on ne savait plus quoi faire, facilités de tous les côtés, personnages évincés ou relégués à des intrigues secondaires plus qu'insignifiantes
(mention spéciale au Pingouin)
, morts et résurrections absurdes en tout genre, acteurs en roue libre parce qu'ils ne savent plus quoi faire de leurs personnages... C'est bien simple, au bout d'un moment on a le sentiment que toute l'équipe de direction est partie en laissant les caméras allumées et que le casting improvise devant, c'est un festival d'yeux exorbités et de deus ex machina improbables, et le pauvre spectateur qui crie au secours. D'autant que les dernières scènes ne laissent pas penser que ça va s'arranger dans une saison 3. C'est d'autant plus frustrant quand on voit l'énorme potentiel du matériau d'origine. La faute en incombe principalement à la multiplication acharnée de personnages (le plus souvent méchants) comme si il fallait absolument tout le bestiaire de l'univers de Batman dans une seule saison. Mais c'est absurde, c'est beaucoup trop riche ! Résultat, tous les personnages sont sacrifiés et sous-exploités de manière systématique dans l'euphorie et l'incohérence la plus complète, et ce malgré un amour palpable des créateurs pour leur univers. C'est pour ça que cette série mérite la note moyenne, elle a encore la possibilité de faire table rase et de repartir sur de bonnes bases parce qu'avec une telle direction artistique elle pourrait facilement devenir une des meilleures série comics du moment. Mais il va falloir se donner un bon coup de fouet.