Quelle conclusion magnifique. Autant j'ai pas mal critiqué BCS car je trouvais que les premières saisons ont mis beaucoup de temps à démarrer, autant la conclusion est magistrale et vraiment poignante. Attention, méga spoilers. [spoiler]BCS a réussi à donner une aura tragique à Saul Goodman, l'avocat rigolo et gignolesque de Breaking Bad, pour lui offrir un traitement digne d'une tragédie grecque à la façon de Walter White. Avec Heisenberg, on était face à un brave type, qui après avoir manquer sa chance de gagner sa vie grâce à son génie, finit par complètement Peter un câble et s'épanouir dans le milieu violent de la drogue, non pas pour "soutenir sa famille" mais juste car il est bon dans ce domaine, et il se sent moins comme un raté d'exceller là dedans. Le traitement de Jimmy McGill est similaire : Jimmy a passé sa vie à se sentir raté en comparaison de son frère Charles, brillant avocat qui ne l'a jamais respecté et pris au sérieux. La seule façon pour Jim de trouver sa manière de briller vient de ses ruses, qui sont souvent néfastes pour d'autres et bien souvent pour ses proches également, à l'image de sa relation avec Kim, sincère et touchante mais qui se fait complètement bouffée par le penchant pour le danger qu'ont les deux. Et sur ce point, Jim est peut-être un personnage encore plus touchant que Walter. Dans le sens où Walt a plusieurs fois eu les cartes en main et a été en capacité d'arrêter, il a finalement décidé d'abandonner le bon qui était en lui pour son business. En revanche pour Saul, on sent qu'il est prisonnier de cette volonté de briller constamment et de se sortir de situations miraculeuses, il ne dégage pas cette aura d'homme qui maîtrise la situation comme Walt. Ça le rend encore plus tragique que ce dernier, et on garde beaucoup d'empathie pour lui malgré ses erreurs. Le final est calme et touchant : Saul qui ne fait que payer le prix de ses erreurs et de son excès de confiance, même si il a une sorte de rédemption en acceptant d'avoir une peine lourde, sans doute pour plaire une dernière fois à l'amour de sa vie, Kim Wexler qui lui avait recommandé cela. Bref, cette sixième saison conclut brillamment tout ce qui avait été entrepris de la série : la montée en puissance de Gus, la transformation de Mike de grand père aimant à un homme de main très froid, la transformation du sympathique avocat Jimmy des opprimés qui se transforme en protecteur des plus immondes bandits d'Albuquerque… Et aussi la descente aux oubliettes de la brillante Kim Wexler, le penchant féminin de Charles McGill mais qui finira par se faire bouffer par sa relation avec Saul, pour leur obsession à vouloir s'amuser. BCS ne tombe jamais dans le pathos exagéré et la conclusion reste très simple, tout en subtilité. Mais derrière tout ça se cache des personnages merveilleusement bien écrits, et aussi une réalisation ultra léchée liant toute la série, qui termine comme elle a commencé : Jim et Kim, fumant une cigarette dans un espace sombre, en ayant des discussions sur tout et rien. Je m'attendais à une conclusion plus déchirante mais au final, ça reste cohérent avec le personnage de Saul : un homme faisant semblant de tout contrôler avec son charisme et sa tchatch naturelle, mais qui cache au fond de lui une instabilité et une sensibilité assez dingue. Un final vraiment brillant pour un univers qui l'est tout autant. Better Call Saul et Breaking Bad, c'est vraiment de la balle. It's Saul Gone. [spoilers/]