Toujours aussi maligne, délicieusement ironique, la troisième saison de Better Call Saul perpétue le modèle initié trois ans auparavant, un modèle, à vrai dire, tout droit sorti de Breaking Bad. Jimmy McGill, dans le futur le bien connu Saul Goodman, poursuit son bout de chemin, entre confrontations avec un frère imprévisible, alliance avec une collègue et amante dans sa démarche professionnelle indépendante, et petites magouilles et leurs conséquences. Toujours opportuniste, insouciant, roublard, l’avocat partage inévitablement l’affiche avec le captivant personnage de Mike, professionnel insondable tout aussi malin qu’imprévisible. Ce dernier, par ailleurs, dans une démarche logique de chevauchement avec la série mère, se rapprocher ici d’un certain Gus Fringe. Encore un individu que tout le monde connaît, me direz-vous.
Les choses se goupillent, s’emboîtent en toute logique vers un rapprochement inévitable à un univers bien connu. Oui, mais Better Call Saul c’est bien d’avantage qu’une rapponse, qu’un prolongement, qu’un simple préquel ou spin-off. A vrai dire, la série de Vince Gilligan et Peter Gould est un petit phénomène indépendant, une série qui peut se voir en faisant totalement abstraction de son attache à la célèbre série du même Vince Gilligan. Les clins d’œil et autres rapprochements ne sont, à vrais dire, que du bonus. Ce qui fût plus ou moins improbable il y a trois ans, ce qui était inévitable pour certains à l’annonce de se spin-off est pourtant arrivé. Better Call Saul est devenue incontestablement une œuvre à part entière.
Si cette troisième saison manque un tantinet de rythme, si Gilligan et Gould semblent prendre leurs temps dans le fil narratif, elle n’en demeure pas moins une franche réussite dans la droite lignée des deux précédentes. Jimmy, Chuck, Kim, Howard, Mike, Nacho, Hector, Gus, tout le monde porte haut l’étendard d’une série qui n’a pas grand-chose, en définitive, à envier à son modèle, si ce n’est Jessie Pinckman et le culte Walter White. Mais patientons, les choses finiront par s’imbriquer. Pendant ce temps, savourons Better Call Saul pour ce qu’elle est, une formidable série totalement inclassable. 16/20