Un travail grossier pour un public pas finaud !
Parlons d'abord du casting, pour rappeler qu'une brochette d'acteurs connus ne fait pas une belle oeuvre ; Westworld le démontre à nouveau. Stranger Things fait beaucoup mieux avec des inconnus, s'il était besoin d'établir un point de comparaison.
Robert Ford réincarne pauvrement et pour la millième fois Hannibal Lecter, un personnage froid, intelligent, si intelligent qu'il cache forcément quelque chose et qu'il détient forcément dans sa besace un coup d'avance sur tous les autres. Ce postulat acquis, le spectateur est censé tout accepter.
L'homme en noir, campé par Ed Carris, est une caricature de caricature. L'allure mâle, le timbre grave, les phrases courtes formant autant d'aphorismes censés nous faire intégrer qu'il incarne la masculinité! Absolument pas crédible car manquant cruellement de relief !
Un des principaux problèmes de "Westworld" réside dans le fait que les robots devraient ressembler à des hommes, alors que ce sont les personnages humains qui ont l'air de robots à force d'être dans le stéréotype !
Plusieurs sont machiavéliques et mal intentionnés jusqu'à l'écoeurement. Pourquoi nous imposer encore et encore cette vision sordide et nauséabonde du monde? Les empathiques sont toujours les perdants,
à moins qu'ils deviennent à leur tour des prédateurs, comme ce pauvre William qui devient l'homme en noir, fumeur et buveur de Whisky au goulot.
Entre parenthèses, qui peut croire une seconde qu'un des propriétaires du parc a joué 30 ans à ses propres attractions, c'est un twist misérable ! Se taper pendant plein d'épisodes un personnage mystérieux et surtout très pénible... POUR CE TWIST à la con, c'est vraiment téléphoné...
Il y a aussi toute cette violence... puisqu'elle n'a rien de nécessaire, je n'ai pu m'empêcher me de dire qu'il s'agissait d'un cache-misère. A moins qu'une série doive nécessairement, dans l'esprit des producteurs US, une bonne dose de violence extrême pour faire de l'audimat?
Pendaisons, égorgements, morts par balles par dizaines, mutilations, écrasements par des grosses pierres, corps traînés derrière des chevaux, têtes coupées, sang qui coule par litres... en sommes-nous rendus là?
Le niveau moral de cette série se situe plus généralement très bas dans mon échelle personnelle, en rappelant d'abord que le principe affreux de la série repose sur l'exploitation sadique, à des fins mercantiles, d'être doués de conscience et capables de souffrir.
Cela pose question sur notre monde et également sur la santé psychologique des créateurs de cette horreur.
Autre élément qui m'a paru former un évident cache-sexe : la complexité des intrigues, dont l'entrelacs finit par égarer le spectateur.
Qu'est-ce qui est extérieur au parc, qu'est-ce qui en fait partie? Qu'est-ce qui appartient au présent, qu'est-ce qui ressort du passé? La voix d'Arnold, qu'entendent certains androïdes, forme-elle un souvenir ou une partie du code?
Les souvenirs sont-ils artificiels, ou ont-ils pour base des événements réellement vécus par les robots dans leurs vies actuelle ou antérieures?
Le dernier scénario de Dolores sème également le trouble : à partir de quel moment entre-t-on dans la démonstration qui a lieu devant les invités?
Jusqu'à la nausée des personnages, des images, des souvenirs apparaissent et disparaissent de ce scénario, et on finit par ne plus rien comprendre.
On ne sait plus à qui les robots obéissent et selon quels critères. On ne sait plus qui a les autorisations pour les modifier, qui contrôle qui ou quoi. Les bouchers à tablier rouge, censés ne pas avoir accès au code, y ont subitement accès, dans les moindres recoins.
Une complexité masquant mal les carences scénaristiques, des personnages sans relief et des dialogues vides, réduisent une très bonne idée de départ à un produit bancal de grande consommation.