Forcément, après des séries à succès comme Rome, Band of Brothers, GoT ou encore True Detective, quand HBO en lance une nouvelle les attentes sont évidemment énormes. Avec Westworld, la chaîne américaine sort des sentiers battus pour notre offrir une série intelligente où la réflexion est omniprésente et le questionnement permanent. Il faut sacrément s’accrocher à son contenu car du début à la fin des 10 épisodes de cette première saison il n’y a jamais vraiment d’acquis. Le pari est osé et ce côté intellectuel peut en rebuter certains mais la chaîne a de gros moyens et mise aussi sur d’autres arguments pour Westworld : il y a un gros travail d’écriture et de montage car la structure de la série est un immense puzzle temporel, visuellement et artistiquement c’est superbe, les acteurs et surtout Anthony Hopkins sont excellents et la bande original est très bonne et très variée. On sent tout le travail et cet attachement au moindre détail propre à la chaîne tout comme à la violence et le réalisme que l’on retrouve dans d’autres séries HBO. L’univers de cette série est quand même hallucinant de richesses, de références et de thèmes, non pas des thèmes sociaux mais plutôt des thèmes artistiques, scientifiques et philosophiques. Le logo de la série en est finalement la plus belle illustration puisqu’il fait directement référence à l’Homme de Vitruve dessiné par Leonard de Vinci : l’Homme au centre d’un cercle, représentation de l’Homme au centre de l’univers à l’intérieur d’un cercle représentant la forme parfaite de l’époque. Robert Ford est ici un Dieu donnant naissance à des créatures parfaites, parfaites représentations de l’homme. La référence à Léonard de Vinci souligne l'importance de l’art et de la créativité que l'on rencontre dans la série : le parc Westworld n’est qu’une immense création d’un monde animé au sein duquel on retrouve par-ci par là des peintures, des tableaux, des sculptures et d’innombrables références musicales plus au moins récentes et reprises à la sauce piano (de mémoire Johnny Hallyday, Daft Punk en autres) ainsi que de références cinématographiques (les films de Sergio Leone, Ex Machina, i-robot, une poursuite à cheval m’ayant rappelé celle du Seigneur des Anneaux, Edge of tomorrow etc.). Enfin cette série se joue de tout et casse toutes les barrières : celle du bien et du mal, de la vie et de la mort, de l’être et du paraitre, du vrai et du faux, du présent et du passé, du moderne et de l’antique. Si bien que la tonalité de la série est hyper sombre. Ce n’est assurément pas une vision optimiste de la nature humaine. L’Homme créé quelque chose sensé le sortir de son quotidien et de sa réalité qui ne le satisfont pas, mais ce quelque chose c’est finalement ce qui va le détruire et au sein duquel il va sombrer. Il y aurait bien d’autres thèmes de cette série plus complexes à développer mais je ne m’y aventurerai pas. Tout cela pour dire que malgré le manque parfois de suspense et de scènes qui vous prend aux tripes, l’audace, l’originalité, l’intelligence, l’esthétisme et le casting de Westworld méritent qu’on lui attribue les honneurs.