La chaîne Lifetime a le culot de nous présenter une série vraiment originale, dévoilant les coulisses et les rouages de la télé-réalité, à travers un regard critique et quasiment documentaire, mais toujours alimenté par des storylines fictives, propres au format sériel. "UnReal" prend l’initiative de révéler tout ce qu’il y a de plus mauvais dans ces émissions, de la part des candidats, mais surtout des producteurs qui sont définitivement les maîtres du jeu, sans limites pour faire de l’audimat. L'histoire est la suivante : après s’être remise de sa dépression, Rachel Goldberg (une vraie pétasse en puissance, celle-là, une totale anti-héroïne) revient travailler aux côtés de la productrice Quinn King pour l’émission "Everlasting", reprenant tous les codes du style "Bachelor". Le rôle de Rachel est de manipuler les candidates afin d’obtenir suffisamment de drames pour maintenir l’audience, avec le soutien de Quinn qui veut faire le plus de buzz autour de sa télé-réalité… Bien sûr, il est évident que tout ce que nous montre la série n’est pas toujours véridique, mais il doit y avoir un semblant de réalisme grâce à son duo de créatrices : Marti Noxon (que l’on ne présente plus depuis "Buffy contre les vampires") et Sarah Gertrude Shapiro, productrice pendant plusieurs saisons de "The Bachelor". De ce fait, la première saison suit les étapes de production et de tournage de l’émission fictive "Everlasting" qui correspond à notre bachelor avec le personnage d’Adam Cromwell (interprété par Freddie Stroma), cherchant l’amour de sa vie, et qu’il devra choisir parmi plusieurs candidates à la fin de l’aventure. La construction des 10 épisodes de la saison est similaire à la vraie télé-réalité où chaque semaine verra l’élimination d’une prétendante. Côté casting, nous retrouvons deux actrices talentueuses, Shiri Appleby ("Roswell", "Life Unexpected") et Constance Zimmer ("Grey’s Anatomy", "House of Cards") dans les rôles titres de Rachel et de Quinn. Constance Zimmer campe un personnage déjà bien installé dans cette production, alors que Rachel revient travailler dans ce milieu qui l’avait beaucoup perturbée par le passé. Aux premiers abords, Rachel semble être fragile, hésitante à revenir à la production, les spectateurs pourront s’identifier à son personnage au départ pour intégrer tous les éléments de la télé-réalité. Nous retenons principalement ces deux fortes têtes, féministes à l’extrême, manipulant aussi bien les hommes que les femmes pour arriver à leurs fins. Elles portent ensemble la série sur leurs épaules, et arrivent à exploiter tout leur talent d’actrice à travers leurs personnages. Shiri Appleby signe, sans conteste, un retour triomphant depuis la fin de "Roswell". Les différents protagonistes sont très stéréotypés mais très similaires aux vrais candidats de télé-réalité comme les célèbres Kardashian pour ne relever qu’eux. En effet, le bachelor, véritable Don Juan, presque imbécile, fait cette émission uniquement pour l’argent, mais les prétendantes représentent aussi le genre de personnalités qui sont vues dans ces programmes. Certaines sont ici pour trouver l’amour alors que d’autres cherchent par tous les moyens à rester jusqu’au bout afin d’être célèbres et acquérir une certaine popularité (éphémère restons lucide). La première saison construit assez bien les traits de caractère des candidats, mais nous nous intéresserons essentiellement aux différentes ficelles de la production. Quinn mène la danse, dirige son émission avec son compagnon Chet, et donne ses consignes à Rachel qui doit convaincre les candidats de faire telle ou telle action pour créer rebondissements, clashs, buzz, garantissant l’intérêt du spectateur pour revenir voir l’épisode suivant. C’est monstrueusement réussi quand on s’imagine que nos scénaristes de séries télés font exactement la même chose pour attirer le public à travers leurs nombreux cliffhangers. De plus, cela semble très réaliste avec nos télé-réalités qui font toujours en sorte d’apporter plus de tension pour obtenir de l’audience. Quinn, Rachel et les producteurs jouent en manipulant les candidats, tels des pions sur un échiquier, ils tirent toutes les conclusions et décident de qui devra gagner la finale. Ils incarnent tout ce qu’il y a de plus néfaste dans ce genre télévisuel, jusqu’à l’extrême au point qu’une des prétendantes se suicide en milieu de parcours, renforçant là aussi l’instabilité psychologique de certains candidats qui participent à ces émissions. Lifetime a pris un gros risque en diffusant "UnReal" sachant qu’elle possède aussi des télé-réalités dans sa programmation, mais avec une première saison forte dans son intention, très attrayante, le pari est tout simplement réussi. Nous avons là un vrai guilty pleasure à suivre durant l’été en attendant la reprise de nos séries annuelles. A noter côté casting, Gabrielle Rose alias Ruth la mère attachante du Prince Charmant dans "Once upon a time" et Arielle Kebbel alias cette chère Lexi dans la série "Vampire Diaries"