Au moment de donner ma note, j'hésite toujours à mettre un 5... Alors je me pose la question : est-ce que je peux reprocher quelque chose à cette série ? La réponse est : non. J'aime la densité et la richesse de tous les propos développés. Le niveau humain, magnifique, aussi bien pour l'héroïne Nessa, que pour son amie Atika, son frère, sa belle-soeur. Il n'y a guère que le petit Khassim qui ne brille pas par son jeu d'acteur, mais je suis dure, il doit avoir 7 ans ! Humain aussi le garde du corps, l'oncle Shlomo, ces dames de l'espionnage du contre-espionnage des gouvernements, sans oublier évidemment Stephen Rea et sa bouille de chien battu. Humains même les "méchants", dont on comprend la dureté, l'intransigeance ou les doutes. J'ai dit que tout le monde était sympa ? Pas du tout. J'ai dit que tous les rôles avaient leur part d'humanité, un passé, des sentiments, qui expliquent leurs actes (à part peut-être madame Thatcher ? Je vous laisse mettre un visage sur le thatchérien personnage qu'on adore détester). Mais il n'y a pas que l'humanité des personnages qui fait de cette série une réussite. Le thriller est complexe, on en a en quelque sorte le menu avec le générique, un menu dans le désordre, mais peu à peu le puzzle se reconstitue et chacune des images obsessionnelles du générique trouvent sa place. J'ai même regardé le premier épisode deux fois, histoire de ne pas être larguée en route. On patauge ? Les informations sont divulguées petit à petit, et font le lien progressivement. Comme le dit la voix off de Nessa dans le pré-générique de chaque épisode, à qui peut-on faire confiance ? Répondre à cette question tient parfois du miracle. Comme elle, on est malmené, et même malheureux de ne jamais trop savoir à quel saint se vouer. Mais là encore, on trouve dans le panier de crabes quelques éléments solides... et on respire ! Véritable réussite, le jeu des acteurs est impressionnant, Maggie Gillenhall en tête et même loin devant. Tiens oui, petit bémol pour le jeu d'acteur du frère, Ephra, le papa de Dany dans Broadchurch. Son air d'y être mais sans y toucher est intriguant. J'ai fini par m'y attacher, cette lisseur toute british a son charme, mis l'acteur peut-il jouer sur un autre registre ? A voir. Et puis autre réussite, le traitement du conflit israelo-palestinien. Quelle prouesse d'avoir à la fois un propos intelligent et sans manichéisme. On ne peut pas dire que le réalisateur ne prenne pas partie. Simplement, il ne désigne pas les bons et les méchants, il nous parle de gens, parfois manipulés et/ou manipulateurs, parfois aveuglés de rancune, parfois généreux, ou perdus, ou arrivistes, ou sincères... et parfois tout ça à la fois ! On comprend qu'il y a des subtilités qui la plupart du temps nous échappent, dans ce conflit. Et qui échappent peut-être aussi à tous ceux qui croient tirer les ficelles, mais ça, c'est une autre histoire. Bref, 5/5 mon général, j'applaudis l'Honorable Femme aux grands yeux gris et au rire qui fuse aux plus improbables instants.