(...) Si la sorcellerie est l’un des thèmes favoris des séries adolescentes, comme en témoigne Witches of The East End qui lorgne mollement du côté de Charmed, Salem est destinée quant à elle, à un public adulte. Son ambiance fantastique, provocante et oppressante, mêlant sang, sexe, et surnaturel, en fait de ce point de vue, une série mâture et sans concessions, l’éloignant néanmoins de la véracité historique. Malgré un pilote un peu lent et flou, le show parvient au fil des épisodes à créer du mystère autour du rassemblement des sorcières et des ambitions qui les animent. De même, la bataille biblique entre les Puritains qui défendent les lois du Dieu tout puissant, et ces sorcières avides de pouvoir, apportent leur lot d’injustices, de violences, et d’exécutions sommaires. Certaines scènes malmènent la rétine, comme cette jeune femme possédée qui désigne, tel un chien renifleur, la sorcière de son doigt vengeur en vociférant : « The Witch !». On est bien loin de l’humour ou de la fantaisie des Grimm ! Dès l’affiche façon Hannibal et son trailer, Salem annonce clairement son ambition de se rapprocher davantage de « Coven » d’American Horror Story. Cette ambiance gothique envoûtante est indéniablement le point fort de la série; pour le reste, la réalisation assez noire, la photographie sublime et glauque à souhaits, les costumes, l’époque et le générique d’ouverture à la Marilyn Manson, (Cupid carries a gun composée avec Tyler Bates) suffisent à créer un univers délicieusement macabre (...) Salem pourrait donc être une réussite si elle remplissait plusieurs conditions, afin que la magie perdure. Tout d’abord, il faudrait que la force du scénario soit suffisante lors de la seconde saison pour faire oublier le contexte bouseux de ce microcosme urbain minuscule ; il faudrait que la force des dialogues perdure ; il faudrait également sortir de cette dichotomie trop facile entre méchantes sorcières et puritains inquisiteurs, en complexifiant les enjeux et les trames secondaires. Il faudrait enfin peut-être, renouer avec l’Histoire et ne pas tomber dans la facilité de la surenchère fantastique. C’est là où les scénaristes vont véritablement sceller le sort de Salem, le devenir d’une série culte, ou un feu éphémère de la Saint-Jean…