Arte a gagné le jackpot en faisant réaliser cette série de quatre épisodes au réalisateur scénariste Bruno Dumont : les ch'tis, il les connaît puisqu'il est né à Bailleul, non loin d'Armentières où Dany Boon lui même a vu le jour. De là à localiser un film dans le plat pays... Le "p'tit quinquin" est un film en tous points exceptionnel, original, et je ne me souviens pas avoir vu quelque chose de comparable. En quelque sorte presqu'un nouveau cinéma ou une nouvelle tendance. Dès les premières images, on se trouve imprégné par une atmosphère aussi cocasse qu'étrange, et dans une ambiance bon enfant. Les images souvent superbes ont été tournées à Audresselles, Ambleteuse et Marquise dans le Pas de Calais...Quant au casting, il défie toutes les méthodes traditionnelles puisque les comédiens sont tous non professionnels, bien qu'ayant des talents certains que la spontanéité renforce. Comme le confie le réalisateur, il est bien plus facile de faire tourner des amateurs que des pros car ces derniers sont plus demandeurs. En outre, il a soigneusement peaufiné la distribution en renonçant à ne sélectionner que "de belles gueules" aux mensurations idéales, mais au contraire des personnages comme on en rencontre tous les jours. Et ici, on est gâtés ! Quel trombinoscope ! Dans ce film policier qui mise plus sur le burlesque que sur l'intrigue criminelle, Bruno Dumont a eu la chance de trouver sur son chemin les deux personnages qui vont jouer le rôle d'un commandant de gendarmerie et de son adjoint. L'un bourré de mimiques, de grimaces et de tics nerveux, l'autre flegmatique, imperturbablement rivé à son supérieur, et avec une tronche un rien Henri Salvador. Caricaturaux à souhaits et burlesques à outrance ! A titre d'exemple, c'est la première fois que j'entends un commandant de gendarmerie débarquer sur les lieux d'un crime et s'écrier " Bon, on va commencer par faire une minute de silence, là derrière !" avant de se recueillir sur la dépouille du mort.
Les gags ne sont pas nombreux mais tombent toujours à bon escient et au bon moment ! Bref les inspecteurs La Bavure et le lieutenant Colombo sont dépassés.
Bruno Dumont a surfé sur la même vague porteuse de "Bienvenue chez les ch'tis" mais en s'amusant de leur accent qu'il ne cherche pas à limiter mais en le servant au spectateur tel quel, en utilisant de "vrais ch'tis" avec "leur parlach" (leur façon de parler) ce que n'avait pas fait Dany Boon. Evidemment, certains vont crier au scandale et dire qu'on dénature ch'Nord, mais il faut savoir rire de ses propres travers.
Enfin, on peut féliciter le réalisateur d'avoir su s'adapter au format 55 mn (chose rare) ou au long métrage puisqu'à l'étranger, les quatre épisodes (qui devaient être six) ont été distribués comme film.
Des créations comme celle-là, on en redemande ! Et on espère qu'il y aura une suite, d'autant que le succès a été au rendez-vous pour un budget qui a probablement été modéré.. Encore bravo !
willycopresto
J'ai revu cette série en 2016, et malgré l'effet de surprise passé, j'ai à nouveau savouré cette rediffusion. Mais que font les producteurs, pourquoi tergiversent-ils avant d'y donner une suite ? Et pour plagier un des dialogues du Commandant de Gendarmerie : "Vous vous êtes endormis Jean Bréhat et Bruno Dumont ?"
willycopresto