Avis P'tit Quinquin - Page 2

J'aime le cinéma de Dumont, en général. Mais "p'tit quinquin" ressemble plus à une mauvaise farce, un pétard mouillé que le gamin affectionne tant. j'ai tenu la première demi-heure, mais les grimaces du gendarme, l 'inaudibilité générale des acteurs (et pourtant, j'habite à valenciennes) et la scène de l'église avec les curés qui se cachent sous la table m'ont définitivement dissuadé d'en subir plus. Là où des grolandais comme kervern et delepine excellent, Dumont se plante. On s'attendait à un festival de "gueules" pittoresques. C'est juste un odieux défilé de "freaks" qui confirme la vision du Nord qu'ont pas mal de parisiens. Même si je suis conscient que Dumont ne souhaite pas dénigrer le Nord et que cette série n'a rien de réaliste. Mais ici, on a le sentiment qu'il faut s'extasier au dépend des ploucs. A éviter.

Certainement une des séries les plus originales et singulières depuis "Twin Peaks" de David Lynch au début des années 90, c'est d'ailleurs une grande première pour le réalisateur français Bruno Dumont, qui s'attaque à la base à ce format sans trop de conviction, puis il s'en trouvera vite emballé, et le résultat est à la hauteur de son talent.

La base de l'intrigue est somme toute simple, une enquête policière dans un petit village du Nord Pas de Calais sur la Côte d'Opale, mais c'est bien l'univers qui se démarque, Dumont va créer une palette de personnages tout autant loufoques qu'atypiques, avec en tête le commandant van der Weyden chargé de résoudre l'affaire, sorte de Charlot aux mimiques hilarantes et à l'accent ch'ti à couper au couteau, il est assisté par le lieutenant Carpentier, un pilote adepte du deux roues et philosophe à ses heures perdues; puis il y a ce P'tit Quinquin chef d'un trio de sales gosses amoureux de la douce Eve Terrier musicienne de la fanfare. Les vacances d'été sont chamboulées par la découverte macabre de dépouilles de vaches fourrées avec des morceaux de corps humains, l'enquête ne fait que piétiner, et les cadavres vont s'entasser dans un périmètre réduis face à l'inefficacité incroyable des forces de l'ordre.

L'ambiance est en constant changement en ce qui concerne les ruptures de tons, on passe de situations poétiques et romantiques à des scènes d'un burlesque à se tordre de rire, le symbole étant cette cérémonie d'enterrement sublimée par la voix et la présence quasi iconique de la chanteuse puis hilarante et surréaliste avec ces prêtres à côté de la plaque. Dumont propose une mise en scène hors du commun et utilise ses acteurs amateurs avec beaucoup de subtilité, ils marmonnent, parlent avec un phrasé parfois quasi indéchiffrable, mais c'est le reflet de la vie, ça renforce en plus clairement le degré d'immersion et créé une véritable valeur ajoutée à cet univers décalé, les personnages sont autant le miroir des vrais gens qu'une caricature attachante que nous pouvons nous faire des ch'tis, mais Dumont n'a jamais cherché à se moquer d'eux puisqu'il est lui même originaire de la région, c'est déjà beaucoup moins vulgaire et cliché que le film de Boon ou qu'un certain programme récurrent sur W9.
J'ai trouvé que la série se divisait clairement en deux parties distinctes, les deux premiers épisodes sont plus axés sur l'étreinte du P'tit Quinquin et de Eve avec à côté de cela des situations très drôles, alors que les deux derniers sont d'avantage plus mélancoliques et poétiques où l'on s'intéresse à la psychologie nostalgique et émouvante du commandant van der Weyden, ce dernier tellement exubérant dans les premiers segments se retrouve confronté à des désirs ambiguës et à sa propre détresse intime (on a tout de même droit à une séquence absolument savoureuse dans le restaurant avec son supérieur hiérarchique).
À côté de ça il y a des thématiques sociales misent en exergue comme le racisme, le handicap ou les conflits religieux, exposées de manière nuancées sans tomber dans l'exagération ou l'extrapolation, tout est savamment dosé et au service de la narration. Cette atmosphère contrastée est presque mystifiée par divers éléments allégoriques, notamment cet hélicoptère paraissant comme une libellule volant au dessus de petits insectes que sont les enfants au début du premier épisode, ce bunker représenté comme un antre sombre et diabolique sorti d'un roman gothique moderne ou du fameux Ch'tiderman se bouffant les murs pour s'y agripper telle une véritable araignée, en quelques minutes le perso est déjà culte.
On pourrait voir cette enquête comme désuète, au final on ne sait quasiment rien, elle n'avance pas, le duo de flic est constamment à la ramasse, ce sont uniquement les dernières minutes de la série qui sont ouvertes à l'interprétation, ça m'a en quelque sorte rappelé cette apothéose des "Soprano", nous laissant à la fois déconcerté et fasciné par la brutalité de la coupure, personnellement je trouve cela extrêmement ingénieux comme procédé, rendant l'œuvre en quelque sorte immortelle, cela sera sûrement dur à accepter pour beaucoup ...

Que retenir donc de ce "P'tit Quinquin" ? Pour ma part une série à la fois belle, passionnante, intrigante, drôle et émouvante, complètement sacralisée par le talent de Bruno Dumont, on pourra la vénérer comme la détester mais il y aura au moins une chose où tout le monde pourra s'accorder, c'est qu'elle est ne laisse certainement pas indifférent.
Moi je dis un grand merci à Dumont pour ce moment inoubliable de télévision !

Jouissif ! Mais ça ne va pas redorer l'image du Nord-Pas-de-Calais…

Chic, une serie tv française...qui n'a duré que 30 mn...Tout sonne faux...Mr Chaplin, Revenez !!

Des dialogues fantastiques, des acteurs extraordinaires et des situations ubuesques. Une série ovni qui vaut le détour même si le ton et l'univers ne plaira pas à tout le monde. Moi j'ai beaucoup aimé et reflète une juste image de la campagne nordique sans tomber dans le voyeurisme ou les clichés.

On peut ne pas du tout adhérer à l'humour vraiment très particulier de Bruno Dumont qui est vraiment à prendre au troisième degré, avec ses personnages au parler la plupart du temps incompréhensible, aux trognes pour le moins atypiques, avec au choix des ploucs ou des dégénérés mais si j'avoue avoir eu un peu de mal au début, à force je me suis bizarrement laissé prendre par l'ambiance.
Il faut bien dire que cette galerie de nombreux protagonistes change totalement du paysage habituel de la télévision française et puis on s'attache à eux. Et puis tant pis si on comprend absolument rien ou presque à l'intrigue... mais quelle intrigue en fait ???
En fait, c'est plus une série à atmosphère, bien servie au passage par une belle photo et un beau sens du cadrage, et à personnages qu'une série à histoire.
On aime ou on aime pas, mais un total OVNI dans un univers télévisuel très formaté ça ne peut pas faire de mal.

Dumont met les pieds où on ne l'attendait pas, même si ces films précédents laissaient deviner des tentations burlesques, en particulier dans "L'Humanité" mais déjà dans "La vie de Jésus". Cette histoire à la Jean-Christophe Grangé transplantée chez les Deschiens est un régal de drôlerie, de trouvailles comiques, même si le comique est parfois éculé, comme le gag Zidien de la voiture de flic qui se déplace sur deux roues, gag lamentable chez Zidi, mais bidonnant chez Dumont, parce que placé à un moment inattendu. La force du cinéma comique français, souvent mis en scène par des tacherons lamentables (Zidi, Oury, Gion et consort) reposait uniquement sur le potentiel des acteurs, sans eux il n'y avait plus de film, alors qu'ici tout dépend de l'auteur. Dumont est un génie du casting et faire le pari d'une comédie jouée par des inconnus s'avérait casse-gueule, pourtant les interprètes sont inoubliables, choisis selon des critères physiques que le cinéma traditionnel a décidé d'ignorer. Dumont sait parfaitement utiliser ses non-professionnels, les mettre en situation, les cadrer, parfois en effet Koulechov, pour provoquer l'hilarité. Contrairement à une grande majorité de comédies qui ne se préoccupe jamais d'esthétique, P'Titi Quinquin est magnifiquement photographié et cadré, avec une importance particulière donnée aux extérieurs. De quoi courroucer plus d'un pisse-froid ne voyant là que mépris et caricature, et c'est tant mieux.

Combien de spectateurs seront allés jusqu'au bout des 2 premiers épisodes de cette mini série diffusée par Arte ? Littéralement affligeant est le seul commentaire que je puisse faire. Bruno Dumont est aussi doué pour la comédie que moi pour le bricolage (je sais de quoi je parle !). Scénario indigent, interprétation nullissime. Ne reste, c'est vrai, qu'une certaine beauté dans la photographie. Et pourtant, beaucoup de critiques se sont enflammés, aussi bien à Cannes où ce film était présenté à la Quinzaine des Réalisateurs que pour annoncer triomphalement sa diffusion à la télé. Quand je pense que certains d'entre eux ont osé comparer ce film à ceux de Jacques Tati, les bras m'en tombent.

En quatre adjectifs : débile, inintéressant, mal filmé, mal joué.

Bruno Dumont qui est plutôt habitué à des films "exigeants" signe ici une comédie à prendre au second degré, il aime ses acteurs débutants et cela se sent.
Aucune moquerie mais une tendresse infinie pour un film tourné avec des fonds d' Arte déjà vendu à l' étranger et surtout un humour décapant (la cérémonie lors de l'enterrement, les grands parents mettant le couvert, les gamins voulant casser la gueule à d' autres gamins, ch'tiderman etc...)...Dumont surprend et fascine!

Grotesque (la scène de l'enterrement : stupide), dialogues à peine compréhensibles (un sous-titrage serait souvent nécessaire), scénario absent, jouant sur les stéréotypes les plus éculés (personnages tarés, enfants sans repères...), scènes inutilement descriptives et longues, et surtout une série hésitant entre plusieurs genres : drôle (mais ça ne l'est pas), policier (mais les gendarmes sont risibles), fantastique ( spoiler: la dernière scène qui laisse supposer que le ptit quinquin et sa famille sont le mal
) sans jamais vraiment trancher.
spoiler: Comme il n'y a pas de résolution claire de l'enquête
, au final, c'est une perte de temps !

Je m'attendais à ce que P'tit Quinquin reçut une médiocre appréciation publique, en opposition avec celles dithyrambiques et justifiées de la critique. Bruno Dumont s'impose comme le plus grand cinéaste français actuel. De plus, il prend le risque de changer de registre tout en sondant sa quête mystique de la recherche du mal qu'il soit dans le crime, la guerre, l'intégrisme, la folie ou le racisme. Il aborde ainsi la comédie avec le plus grand des brios tout en n'oubliant pas sa propre grammaire cinématographique (long plans séquences, paysages magnifiés, picturalisme, personnages bizarres, mystère...). Certes, les épisodes 2 et 3 ont quelques longueurs, excusables pour une mini-série au récit somme toute simple (des meurtres, une enquête, des observateurs, un cadre). Tout en donnant l'impression de se moquer des gens du nord, des paysans, des gendarmes, des curés, des handicapés, il trouve une nouvelle approche pour faire passer ses thèmes habituels. Surtout, il ne méprise en aucun cas ses personnages, plus humains que nous les normaux citadins cultivés, beaux et équilibrés. Les scènes comiques, digne du muet renvoient à Tati ou Podalydès, l'intrigue à David Lynch (Twin peak ou Mulhuloland drive pour la chanteuse (cf Silencio) et aussi à Bresson, Pialat etc... Les personnages, fussent-ils moches, existent et émeuvent (belle façon de filmer les baisers préadolescents). Les scènes cultes en marqueront plus d'un (le chtiderman, la scène de l'église (je n'ai rien vu d'aussi dense), la scène au restaurant, la voiture des keufs etc...). Mais bon, on peut préférer les films dans l'air du temps tels le surfait Les combattants, mais l'art est difficilement perceptible.

De la balle, il n'y a pas d'autres mots pour cette mini série. L'histoire est bien menée dans un village français complètement paumée avec des plans plus beaux les uns que les autres dans de superbes endroits. Une enquête sérieuse avec des inspecteurs loufoques et une bande de gamins qui se mêle de tout et le reste des participants qui tiennent leur rôle à cœur. Les acteurs sont naturels et grâce à eux, les personnages sont extrêmement attachants et pour cause, ils sont tous amateurs. On peut rajouter que l'intégralité (ou presque) des comédiens sont handicapés ou ont des difficultés réelles et c'est l'une des forces de cette production. Là, on peut ressentir de vraies émotions, j'ai rigolé tout le long et j'ai aussi été ému, les rebondissements viennent couronner le tout et bien sur on ne s'ennuie pas une seule seconde. En fait, il y a de tout dans "P'tit Quinquin" et je dois dire que je suis fier que ce soit quelque chose de français car c'est du grand art et je pèse mes mots. Même les sons sont choisis en conséquence, une multitude de thèmes sont traités, il y a pas mal de clins d’œils ou de situations/choses insolites. Le format 52 minutes n'est pas ce que je préfère d'ordinaire mais là, ça ne m'a pas dérangé. Alors oui, on peut crier au scandale contre le réalisateur car il pourrait rabaisser les gens du Nord ou se moquer des handicapés mais franchement, je ne pense pas que ce soit sont objectifs et je pense même qu'il les met en avant pour leur rendre hommage. Je me demande sincèrement ce que je pourrai reprocher à cette réalisation TV ? Et bien par grand chose à part d'infimes détails car c'est simple ... personne n'est parfait ! Une vraie découverte pour tous les publics que je recommande à tout le monde. 15/20.

Ce P’tit Quinquin s’est avéré plutôt intéressant. Je ne connaissais pas du tout Dumont avant cette mini-série. N’ayant donc pas vu un seul des films du bonhomme, je ne savais absolument pas à quoi m’attendre. Alors premièrement, j’en ressors avec la claire impression que si je l’avais vu en format long-métrage, je n’aurais sans doute pas supporté ça plus de trois heures. Mais l’idée de la mini-série se défend plutôt bien, et je suis bien content d’avoir eu la chance de le voir de cette façon. C’est burlesque, plutôt fin, et superbement filmé. Les acteurs bénéficient d’une vraie liberté de jeu et ça fait plaisir à voir d’avoir un montage et un cadre aussi simple mais terriblement efficace et plaisant.

Mais à côté de ça, Dumont fait vraiment durer certaines scènes une éternité, pour nous mettre à bout. J’aime bien ça pour son côté jusqu’au-boutiste, mais parfois ça fonctionne tellement bien que ça en devient presque lourd. Le commandant, il est bien sympa, mais on a compris que c’était un gros débile. Le voir faire ses mimiques comme ça tout au long de la série, ça a fini par un peu m’exaspérer. Ou c’est peut-être le fait qu’il prenne presque la place de P’tit Quinquin en tant que personnage principal de l’histoire qui m’a également fait soupirer. D’ailleurs, P’tit Quinquin, il est génial. C’est un peu le spectateur ancré dans l’histoire, et c’est lui qu’on a envie de voir parler, courir, faire du vélo, se faire engueuler même s’il a rien fait, enlacer sa copine… et j’ai trouvé que l’enquête prenait un peu le pas sur le développement de son personnage.

Mais bon bref, j’en garderai quand même un bon souvenir, car je n’avais jamais vu un truc du genre avant. C’est quand même osé de raconter une histoire aussi sordide et qui se déroule dans un contexte social aussi pauvre sur fond d’humour absurde. Ca fait aussi du bien de caricaturer la France profonde de temps en temps, même s’il y a finalement beaucoup de vrai dans ce que Dumont nous montre. Le manque d’éducation et de communication entre les personnes qui donne lieu à des déductions complètement à côté de la plaque ou des quiproquos gros comme le nez au milieu de la figure sont assez savoureux.

C’est vraiment le genre de film qui marque et laisse un sentiment à la fois nostalgique et libre. On est ému, mais on se sent aussi plus léger après avoir vu ça. C’est bizarre à expliquer, mais P’tit Quinquin a quelque chose d’apaisant, sûrement parce qu’il est unique.

Bruno Dumont se lance donc dans la comédie avec sa série "P'tit Quinquin", dont l'action se passe dans le Nord de la France. Alternant scènes burlesques et d'autres plus sérieuses, la série nous fait passer par un grand nombre d'émotions. Mais pour passer de la tendresse la plus émouvante à l'hilarité la plus totale, il faut surtout le regard bienveillant du cinéaste sur ses personnages. Loin de se moquer d'eux, Dumont les aime et les filme avec un réel désir et une intelligence absolument formidable. Il faut d'ailleurs noter l’extraordinaire chaleur qui se dégage lors de gros plans tout à fait singuliers. Surprenante et assez géniale, cette invention hors du commun développe un comique qui fonctionne essentiellement sur une répétition de motifs. Et si ces derniers ne sont pas tous aussi percutants les uns que les autres, ils ont le mérite d'être nouveaux dans le paysage télévisuel français. La série possède aussi une construction particulière dans le sens où les deux premiers épisodes sont similaires dans leur atmosphère, alors que le troisième va encore plus loin dans la bêtise des personnages et que le quatrième est lui beaucoup plus troublant dans sa démarche narrative. Enfin, il faut remercier Bruno Dumont pour avoir révélé l'immense Bernard Pruvost, jardinier à la base. Ses tics et sa diction inimitables sont déjà légendaires et, espérons-le, lui permettront d'avoir désormais une carrière cinématographique à la hauteur de son indéniable talent.