A l’aube du XXème siècle, dans les murs de l’hôpital Knickerbocker de New-York, les chirurgiens et infirmières doivent repousser les limites de la médecine. Dans ce monde où le taux de mortalité est très élevé, le Dr John Thackery, nommé à la tête du service de chirurgie, se doit de faire évoluer les techniques chirurgicales les plus pointues. Rejoint par le Dr Algernon Edwards, chirurgien ayant pratiqué en Europe, tout bascule dans l’hôpital du « Knick ». Pendant que le premier doit lutter face à ses addictions et ses ambitions médicales surdimensionnées, l’autre mène un combat quotidien envers les préjugés sociaux et le racisme qui règne à cette époque.
L’hôpital Knickerbocker a réellement existé. Construit en 1862, il a accueilli de nombreux soldats de la guerre d’indépendance au XIX siècle. Le docteur John Thackery a lui aussi existé d’ailleurs, sous le nom de William Halsted, connu pour être l’un des pionniers de l’asepsie et de l’anesthésie chirurgicale. L’ambiance est installée, on sait désormais dans quelle atmosphère nous allons évoluer. Ici pas de pansements, de plans de coupe qui cache l’action. Non. Ici il y a du sang, de l’avortement raté, de la chirurgie violente et à ses débuts. On voit tout.
Le premier épisode commence par ce fameux accouchement raté, une césarienne foirée au possible. Le spectateur est répugné par la violence des images auquel s’accouple une musique inadaptée pour l’époque. Et pourtant ça marche. On reste collé à l’écran jusqu’à la fin de l’épisode. Pourquoi ? Non pas parcequ’il y a marqué Soderbergh au générique, mais parce que, bel et bien, nous avons à faire à du vrai, du pur, Steven Soderbergh. Les chirurgiens sont autour du patient, l’opération peut débuter. Silence total. Arrive alors un son venu des entrailles, de lourdes basses qui envahissent l’atmosphère. Ces basses travaillées, tordues dans tout les sens, c’est ce que propose Cliff Martinez. L’ambiance est pesante, les décors hallucinants, la musique surpuissante, le jeu d’acteur parfait.
Le premier épisode nous lance sur le thème de la contradiction, élément essentiel dans la découverte. Tout est sujet à la contradiction, la musique électronique avec l’époque traitée, la drogue et la chirurgie, la précision de chaque séquences et les plans épaules incessants. Tout nous est présenté, l’histoire peut enfin commencer. L’arrivée d’un nouveau chirurgien noir n’arrange rien dans cet hôpital sujet à la fermeture, au déménagement. Ce qu’il y a de très intéressant avec cette œuvre, c’est sans doute la façon dont nous sont racontées les découvertes chirurgicales dans un hôpital en 1900, sans pour autant tomber dans le cliché. Peu de choses se déroulent, il y a peu de grands rebondissements, mais lorsqu’une chose se passe, elle a immédiatement des conséquences énormes sur tous les autres personnages. Toute cette ronde est menée par le docteur John Thackery, joué à la perfection par Clive Owen au sommet. Soderbergh n’hésite pas à s’attarder sur les moindres détails, prolongées des scènes où rien ne se passe, ainsi le spectateur rentre dans les pensées de chaque personnage comme jamais.
La suite de la critique sur le cinéma du ghetto :