"Poldark", saisons 1 à 4 (mais pas la saison 5 on verra pourquoi) est une série romanesque,romantique, picaresque, bâtie autour des liens d'amour et de haine entre quelques familles.En cela elle est très divertissante et agréable à voir.
Elle est censée se passer fin 18ème siècle en Cornouailles. Sur le fond, elle est construite sur une trame gauchiste grossière, telle que peut la concevoir un pseudo-intellectuel du 21 siècle, qui réinvente le 18ème siècle comme il le souhaiterait, avec un réalisme historique qui frôle celui de Nabila qui parlerait de l'antiquité assyrienne. C'est généralement communiste, anti-chrétien, anti-aristo, anti-finance, etc ...C'est constitué de belles estampes révolutionnaires qui font penser à un mélange du Zola de "Germinal" et du Llewellyn de "How green was my valley", d'autant pour le deuxième qu'il y a un personnage de médecin des pauvres mineurs, Dwight. Cela dit, ce fatras idéologique est très supportable comparé aux monstruosités habituelles du cinéma actuel.
Le film est composé de suites de scènes d'intérieur, séparées par de sempiternelles vues des côtes de Cornouailles avec ou sans les personnages principaux qui se promènent devant ou qui montent leur cheval. A la fin de la saison 4, je me suis dit que j'avais assez vu la Cornouailles pour mes trois réincarnations suivantes. mais si ça se trouve ça a été filmé en Nouvelle-Zélande pour raisons fiscales.
Dans l'ensemble, c'est plutôt bien joué. Mais j'en ai eu parfois assez des airs de mater dolorosa de Tomlinson (Demelza) et des airs BHL de Turner (Ross). Par ailleurs, je trouve que Heida Reed (Elizabeth) devrait jouer plus pétillante, à la manière de Vivien Leigh dans "Gone with the wind". Là, elle fait surtout nunuche. Quand à Farthing (Georges), on dirait le coyote qui rate à chaque fois de manger le roadrunner. Il a un rôle pourri.
Je l'ai vu en anglais. Je ne sais pas ce que ça donnera au doublage si ça sort un jour en français, mais il est sûr que ça y perdra;
Les costumes sont bons. La vision de l'époque est grotesque. La musique, un fond de violon tristounet, est adaptée et agréable. L'image est excellente.
Le scénario est du style feuilleton. C'est à dire qu'il cherche plus à faire revenir le spectateur la semaine suivante qu'à construire une trame cohérente. Plusieurs fois, on finit un épisode sur un désastre majeur, qui s'avère sans intérêt ni conséquence l'épisode suivant. Néanmoins, la série arrive bien à construire un ensemble cohérent autour d'un destin, celui
d'une jeune fille trop belle aimée de tous les hommes et qui les rend tous malheureux.
En tout cas, j'ai eu plaisir à voir les saisons 1 à 4 et je ne me suis pas souvent embêté. A la fin de la saison 4, l'histoire est bouclée, les destins sont établis et les intrigues résolues. Normalement, ça s'arrête là.
En tout cas, il FAUT s'arrêter là, parce que la 5 a été la saison de trop. C'est pour ça qu'il n'y a pas de 6. La série essaye de repartir sur une intrigue complètement différente, et surtout sur un style complètement différent ou Ross devient une sorte de
James Bond
, et le fond tourne à un plaidoyer idéologique permanent pour
la "diversité".
Ce n'est pas tragique, comparé aux monstruosités Disney, mais ça casse l'ambiance, et surtout ça élimine le côté romanesque et romantique qui faisait l'intérêt auparavant. Donc surtout arrêtez-vous à l'épisode 4.8, c'est la vraie fin.
De toute façon, ne voyez là-dedans qu'une belle histoire d'amour, et surtout pas un quelconque intérêt historique, car tout y est si délirant en termes d'anachronismes que c'est comme apprendre l'histoire du Japon en regardant "plus belle la vie". Un exemple parmi des milliers d'autres :
dans la saison 1, le plèbe vient critiquer l'élection d'un député qu'elle n'aime pas. Mais à cette époque 2% des gens votaient, et le reste se tapait de savoir qui était député.