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Plume231
3 857 abonnés
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Critique de la série
3,0
Publiée le 8 avril 2014
Même si on est un peu trop dans le schéma les affreux Franco vs les tout gentils et les tout beaux Perón, cette mini-série espagnole n'ennuie pas une seconde parce qu'elle montre ce qu'était la vie pour les espagnols sous la dictature franquiste, parce que le scénario raconte une histoire extraordinaire comme seul la réalité peut en inventer, et parce qu'on a le droit à la confrontation entre deux femmes aux caractères très forts. Pour la vie sous le franquisme, je m'attendais pas à une sinécure mais je m'imaginais pas, un peu naïvement, que la réalité était aussi horrible. Une séquence, tragi-comique par sa bouffonnerie, résume à merveille l'hypocrisie cruelle du régime où Franco avec la bénédiction de sa chère épouse décide en pleine office religieux de signer les ordres d'exécution de plusieurs condamnés à mort. Pour la confrontation entre deux femmes aux caractères très forts, d'un côté on a le droit à Carmen Franco rétrograde, bigote, et sinistre, et de l'autre à Eva Perón, pétillante, élégante et résolument tournée vers la modernité, rien que cela suffit à faire quelque chose de prenant mais elles sont jouées en plus par deux actrices au meilleur de leur forme Julieta Cardinali et la toujours excellente Ana Torrent. La série n'oublie pas d'aborder aussi le courage de certains espagnols qui au péril de leur vie ont osé s'opposer au dictateur. Que de bonnes raisons de remercier Arte pour la diffusion de cette mini-série.
Une mini série de deux épisodes d'une rare qualité. Carta a Eva parvient à faire coexister le drame, l'humour et une vision politique avec beaucoup de talent. Julieta Cardinali, à la fois réalisatrice et actrice, est époustouflante dans son rôle d'Eva Peron, mégalomane, égocentrique, imprévisible mais douée d'une certaine générosité. Le couple composé par Franco et son épouse n'est pas moins truculent dans sa banalisation du crime commis par une simple signature sur un coin de table, à la fin d'un bon repas. En contrepoint de cet univers de luxe, de religiosité hypocrite et de cruauté feutrée, la famille de militants est crédible et émouvante. Sans doute peut-on reprocher à Julieta Cardinali d'avoir manifesté une certaine tendresse indulgente à l'égard de Péron qui, s'il n'était pas un assassin sanguinaire comme Franco, fut tout de même un dictateur dont les sympathies allaient vers l'Allemagne nazie et l'Italie fasciste. La réalisatrice évite les sujets qui peuvent fâcher en Argentine, en particulier le rôle trouble joué par Eva Péron dans l'exfiltration des nazis vaincus vers l'Argentine. Sujet controversé. Péron conserve des admirateurs en Argentine et, quand ce film a été réalisé, la présidente Kirchner se revendiquait toujours de son héritage. Ceci explique sans doute cela. En dépit de ces réserves, Carta a Eva est une réussite assez exceptionnelle.