Quand "True Detective" rencontre "Rashômon"... "The Affair" raconte une histoire d'adultères entre Noah, un professeur de lycée quadragénaire, auteur d'un seul roman qui n'a pas marché, marié à son amour de jeunesse et père de quatre enfants, et Alison, une jeune serveuse, mariée elle aussi et qui a connu le pire qu'une mère puisse connaître c'est-à-dire la perte d'un enfant... Rien de bien original à première vue si l'ensemble n'était formé par des flashbacks introduits par une enquête policière ("True Detective" !!!), autour d'un accident ou d'un meurtre (???...), et divisé pour chaque épisode en deux parties, l'une donnant le point de vue de l'homme adultérin, l'autre donnant celui de la femme adultérine...
Bien évidemment, il est inévitable que les scènes où ces deux personnages sont ensemble ne soient répétées dans chacune des parties. Mais le mensonge, une vérité travestie, une mémoire pas toujours infaillible ou alors trop fantasmée...enfin bref la vision que chacun de ces deux personnages a d'un événement se charge bien de nous donner deux histoires différentes de ce qui pourtant en est qu'une seule (""Rashômon" !!!). Ainsi par exemple, du point de vue de Noah, lors de la première rencontre c'est Alison qui l'a dragué d'une manière très explicite en étant sexy et provocante, alors que de celui d'Alison, ce serait plutôt l'inverse, cette dernière ayant même une attitude plutôt réservée...
L'écriture, qui approfondit bien les personnages, même les plus secondaires, pour les rendre volontiers ambigus, est subtile, ne se permettant aucun effet gratuit du point de vue scénaristique, et réussissant le difficile équilibre de rester dans le drame psychologique tout en maintenant un suspense efficace. Cette délicate combinaison finit par rendre très vite cette série addictive. On excusera même un cliffhanger à la toute fin un peu prévisible mais qui a au moins le mérite de vouloir faire plonger rapidement dans la saison 2...
Pour finir, difficile de passer à côté d'une interprétation tout simplement brillante. Dominic West et Ruth Wilson (qui n'a pas volé son Golden Globes !!!), en particulier, sont confondants de naturel.