A l’issue de la saison 1, Alison et Noah avaient quitté leurs conjoints respectifs pour s’installer ensemble, laissant Helen et Cole entre incompréhension, rage et désarroi. Alison était tombée enceinte, et Noah avait écrit un roman inspiré de leur rencontre et de la vie à Montauk, ouvrage qui s’était rapidement imposé comme un best-seller : tout leur souriait. Oui mais voilà, c’était le calme avant la tempête. Les enquêteurs, que l’on voyait déjà mener leur investigation au sujet d’une étrange affaire, sont de retour ; ils sont en passe de résoudre le meurtre de Scotty Lockhart, le frère de Cole, et ont enfin trouvé un suspect en la personne de… Noah ! Plus sombre, plus mystérieuse, cette seconde saison, qui lorgne du côté du thriller, reprend ses thèmes fétiches pour les revisiter sous un angle nouveau, faisant passer l’intrigue de la sphère privée à la sphère publique.
Chacun sa route, chacun son chemin
Alors que l’on s’était habitués à une narration à deux voies menée par Alison et Noah, ici, les conjoints évincés prennent leur revanche et gagnent eux-aussi le droit de s’exprimer, éclatant le récit en quatre parties bien distinctes et rompant par la même occasion cet effet de vase clos propre à la première saison. Alison s’ennuie chez elle et délaisse ses études, pendant que Noah parcourt les quatre coins du pays afin de promouvoir son livre, tout en succombant au charme de quelques admiratrices. De leur côté, tandis qu’Helen se reconstruit auprès d’un nouvel amant qui semble la rendre heureuse, Cole sombre dans la déprime et peine à surmonter l’épreuve. Cette nouveauté offre la possibilité aux spectateurs d’en découvrir davantage sur les grands perdants de l’histoire,et le procédé s’avère efficace car générateur d’empathie. On retient surtout le personnage de Cole, interprété par Joshua Jackson, qui prend de plus en plus d’importance au fil des épisodes. Touchant, cet homme au destin brisé nous émeut par sa détresse et l’amour qu’il porte encore à Alison, au point qu’un basculement s’opère : l’ancienne serveuse devenue femme au foyer, qui n’aspirait qu’à quitter son mari dans la saison précédente, se trouve en proie au doute et envisage de remettre le couvert avec son ex, notamment parce qu’elle n’est pas épanouie avec Noah. Là encore, les créateurs de la série parviennent à disséquer les rouages de l’intime en montrant qu’après la passion et la fougue s’installe la routine, ce tue l’amour fatal à bien des relations. Ce revirement est triste mais aussi jubilatoire : le trompeur est trompé à son tour, c’est l’arroseur arrosé, et on comprend par la même occasion que les liens qui unissent Cole à Alison, intenses et profonds, sont peut-être plus complexes que l’on ne croyait. Ce retour de flamme saisissant arrive encore à nous faire ressentir des émotions aussi fortes que pudiques, garantissant à The Affair une assise certaine auprès du public, encore impacté par la dimension psychologique du show, toujours aussi juste.