"La meilleur ruse du Diable est d'avoir fait croire qu'il n'a jamais existé". C'est en ces termes que Kevin Spacey avait annoncé avec subtilité l'existence de Keyser Söze. Prenons cette approche : et si les "plus grands" criminels recherchés par les différentes institutions n'étaient qu'une vitrine de propagande nationale et internationale ? Car en effet, celui dont l'activité est secrète devient alors plus sournois, plus invisible...plus efficace. Voila l'idée de départ de "The Blacklist". Et qui mieux qu'un ancien agent de la CIA qui a retourné sa veste et est devenu pendant 20ans invisible justement (et n°4 sur cette fameuse liste de propagande) pour amener un peu de clairvoyance. Se racheter une conscience ? On en doute. Et pourtant. Éliminer la concurrence de manière légale ? On en doute aussi...bien que !
En fait, des intentions de Reddington, on en sait rien. Du rôle que tient et tiendra l'agent Keen, expressément imposé par "Red", pas plus non plus !
The Blacklist est de ces séries qui fourmillent de sentiers, de cheminements possibles. Un peu un Dédale dont on aurait peut être un fil d'Ariane, mais on en veux pas assurément. Car le personnage de Reddington, manipulateur, calculateur, audacieux, ingénieux, malgré tout, on l'aime bien ! Sans doute grâce à son interprétation impeccable : On sent qu'il veut nous en dire plus, on sent qu'il en ressent plus. Mais on y voit (presque) rien. Une interprétation à 95% en retenue, et 5% de déchaînements. Modéré. Mais très juste. Et on les guette ces 5% là, et on cherche quel sera ce sentier qu'on nous fera parcourir avant d'atteindre cette vue...
Le personnage de l'agent Keen est diamétralement opposé à Red : profiler, elle ressent les choses, nous les fait voir justement...elle a la passion. 95% de passion, et 5% de retenue ! La encore, on attend les 5%, mais de retenue cette fois ci ; car c'est dans cette retenue qu'elle se rapproche des intentions de Reddington. Du moins on nous le fait penser.
Finalement, The Blacklist, c'est une histoire d'interprétation, de nombres, de sentiers, visibles et invisibles. C'est une série qui surprend par sa créativité, sa justesse et son potentiel. Une série qui suprend, tout court. Et ça, dans le panel audiovisuel actuel, ça se fait de plus en plus rare...Et c'est très appréciable.