Décidément, en cet été résolument chaleureux et généreux, on ne trouve à vous parler que de froid, de blizzard et autres paysages désertiques et glacés. Ce n’est pas avec la série Hélix qu’on va s’arrêter, préparez les glaçons, ça va saigner. Car oui, on a adoré!
Rien ne prédestinait le brillant Docteur Alan Faragut (du Centre de contrôle et de prévention des maladies, campé par Billy Campbell) à se retrouver perdu au milieu de nulle part sur une base arctique. Et pourtant, c’était sans compter son frère, scientifique chevronné en mal de reconnaissance, qui s’est exilé dans ce centre de recherche, Arctic Biosystem, éloigné de tout. Peter Faragut (Neil Napier) est en effet l’une des premières victimes d’une épidémie qui frappe soudainement et inexplicablement la base avec de mortelles conséquences. Appelé à la rescousse par son ex-femme virologue (Kyra Zagorsky), Alan ne peut que se précipiter et constituer une équipe pour rallier ce territoire hostile et glacé. Mais rien ne peut le laisser présager de ce qu’il va y trouver, dépassant tous les possibles et imaginables, entre des malades assoiffés de sang, de rage et de violence et une menace anonyme et extérieure, peut-être encore plus latente et dangereuse. Comment les « bons » arriveront-ils à garder leur calme pris en tenaille entre dissensions internes et externes, entre secrets de famille, doubles-jeux et troubles-jeux et autre triangle amoureux. Une vraie lutte s’engage mais les forces s’équilibreront-elles?
Treize épisodes qui s’avalent à vitesse vévéprime, un créateur novice associé à un grand héros de la SF et un sérieux travail sur l’univers développé. Rien à dire, sur papier, la première saison de la série Helix - Syfy - Sony Pictures Home Entertainment - Saison 1 (5)développée par la chaîne américaine Syfy avait de quoi convaincre et porter de belles et grandes promesses. Dès les premiers épisodes, elle a fait plus que ça, parvenant à nous glacer d’effroi et à nous emporter dans ce périple scientifique et implacable. Et même si, au bout de deux saisons, la chaîne a décidé d’annuler la série, inutile de bouder votre plaisir, voilà un plaisir coupable et absolument incontournable.
Pas besoin de long discours, dès les premières minutes et le prégénérique, nous voilà happés sans nulle retenue au cœur de la torpeur et de l’horreur âpre de ces labos enneigés. Les bribes scientifiques bien intégrées à l’intrigue ne freinent pas l’avancée dans ce huis-clos claustrophobique et grandeur nature hérité un peu du The Thing de Carpenter. Sans en faire trop, les créateurs Cameron Porsandeh (ne cherchez pas son nom sur une quelconque filmographie, avant Helix, il « n’était » qu’un économiste à.. Harvard) et le prolifique Ronald D. Moore (un baron de la SF, derrière les Star Trek des années 90 et, surtout, le mythique Battlestar Galactica) parviennent de manière fascinante à mettre en place une histoire complexe aux personnages travaillés (et, apprend-on dans les bonus, réécrit en fonction des acteurs castés) et aux rebondissements nombreux et toujours fignolés de mains de maître sans jamais tomber dans le grotesque.
Du côté des acteurs, que du bon mais pas que du connu! Si l’on ne présente plus celui qui est un peu le Pierce Brosnan de la SF, le gigantesque Billy Campbell, et qu’on retrouve avec joie Hiroyuki Sanada (acteur de The Ring mais aussi d’une autre série de survie, Lost); les autres acteurs sont quasiment tous des inconnus qui assurent. À tel point que le scénario a été réécrit pour coller à leurs capacités de performance. Ainsi Neil Napier (qui incarne le frère maudit et contaminé, Peter Faragut) devait disparaître à la fin du pilote avant de devenir une des pierres d’achoppement de la série, avec un charisme phénoménale et un talent à couper le souffle, c’est la révélation d’Helix. Aucune faute de goût au casting donc, et un plaisir d’autant plus grand de faire la connaissance des novices Kyra Zagorsky, Meegwun Fairbrother, Mark Ghanamé ou Jordan Hayes.
« Ce n’est pas du virtuel mais des enjeux réels« , et c’est là aussi la grande force de la série: arriver à monter une série de (science-)fiction qui ne soit pas abracadabrantes et avec des éléments tout à fait plausibles (la reformatation du cerveau qui transforme le malade en véritable machine à contaminer son prochain, l’utilisation mortelle de nombreux singes comme éprouvettes scientifiques et cette quête irrémédiable du pouvoir et de la vie éternelle). Entre science salvatrice et (incon)science dévastatrice. Dans les bonus, le créateur Cameron Porsandeh explique même s’être servi de sa propre expérience d’une maladie en Asie et des comportements réels de certains chercheurs qui l’entouraient en situation de crise. Et c’est sans doute cet ancrage réel qui nous a permis, dès les premières minutes de la série, d’avoir les palpitations qui augurent les meilleures séries, riches en frayeurs et en rebondissements. Avec en prime, une formidable force de conviction et de mise en scène et un crescendo bluffant d’épisodes en épisodes ponctué de musiques WTF, détendues et joyeuses complètement barrées (du Fever de Peggy Lee au Temps de l’amour de… Françoise Hardy!). Seul petit bémol, trop souvent dans cette première saison, on a l’impression que les personnages vivant dans cette base scientifique ne sont qu’une petite vingtaine alors qu’ils sont beaucoup plus que ça. Pour le reste, c’est parfait.
Bref, Helix, c’est du lourd, inventive et entièrement acquise à sa cause, conçue par des maîtres du genre et absolument prenante. Une série à recommander de toute urgence parce que c’est bien, c’est très convaincant, mais aussi parce que le coffret de la saison 2 (qui s’échappera de l’Arctique) arrive d’ici quelques jours chez Sony Pictures Home Entertainment.