Il met en place son contexte avec soin, installe ses personnages tranquillement, décrit le drame et les instants qui suivent avec un sens du détail affolant, crée du suspense partout, bref, c'est de l'orfèvrerie au niveau de l'écriture.Il dépeint aussi un système désabusé, qui traite ce genre d'affaires sans autant d'affect et de dévouement que dans la plupart des autres cop shows. Les flics, les gardiens, les procureurs et les juges sont des fonctionnaires désabusés, blasés, presque indifférent. Certains sont des pros certes mais ils en ont trop vu et semblent plus concernés par leur futur immédiat que par la vie de ce pauvre petit jeune homme qui clame son innocence. Nous-même, nous ne savons rien, et il est bien difficile de prendre son parti tout au long de la série, qui pourtant nous accroche de bout en bout. Les acteurs y participent grandement, entre un inspecteur Box (Bill Camp, acteur trop rare) attachant, compétent mais bourru et trop pressé d'en finir, un héros naïf et bientôt broyé, lui, sa famille, sa communauté (ce New York post-11 septembre n'a jamais été montré ainsi) et il trouve en Riz Ahmed l'interprète parfait. Les autres sont aussi remarquables et je dois dire que pas un seul d'entre eux, du héros au plus petit figurant, ne joue mal. Le ton est grave, les lumières laissent de la place aux ombres, le scénario est implacable, c'est parfois un poil lent mais jamais ennuyeux (il y a une vraie réflexion sur la durée des plans, ce qu'il faut montrer et pendant combien de temps), la mise en scène est sobre, avec quelques effets arty, comme ces plans décadrés, mais ça reste cohérent avec le sujet. Le tout forme une série intelligente, qui questionne notre sens moral et notre foi (enfin, celle des américains) envers leur système judiciaire et ses « valeurs ».