Savez-vous quel est le point commun entre la CIA, les Franc-maçons et les trois grandes religions monothéistes ? A première vue il n'y en a pas. Pourtant ces trois termes se retrouvent sur l'article Wikipédia de la théorie du complot. C'est fou ce que l'on peut apprendre en s'égarant quelques minutes dans les méandres du web. Saviez-vous qu'Elvis Presley n'est pas vraiment mort ? Non, non, il est juste rentré au MIB. Contrairement à McCartney qui lui a été remplacé par un cyborg après son assassinat perpétré par les Illuminati... Ayant vécu la chute des tours jumelles devant mon bol de Chocapic avant d'aller au lycée, je me suis aussi surpris à imaginer, durant quelques moments d’égarement, des scénarios tout aussi grotesques que pathétiques. Tendre période de naïveté qu'est l'adolescence... Approchant aujourd'hui doucement de la trentaine (...prise de conscience...), lorsque je lis, dans ce même article, que les théories du complot des attentats de 2001 "sont celles qui ont générées le plus de trafic internet durant l'ensemble des années 2000", cela ne me surprend pas, non, cela me fait doucement rigoler.
Utopia est une série nous provenant tout droit du Royaume-Unis (God save the Queen !), diffusée en 2013 sur la chaine britannique Chanel 4 (Skins, Mistfits, Black Mirror...), écrit et créé par Dennis Kelly, dont la trame générale traite du conspirationnisme. Comme vous l'avez peut être compris grâce à ma superbe introduction, ce thème ne m'attire pas franchement, ne créant chez moi qu'une vague excitation des zygomatiques. J'avoue ne pas avoir été transcendé par le sujet lorsque l'on m'a conseillé cette série pour la première fois. Je laissais donc Utopia sur le coté, attendant sagement l'approche furtive d'une disette télévisuelle. Mais comme dirait l'autre, l'erreur est humaine. Après m'être ingurgité les 6 épisodes de cette première saison en un après midi, je peux vous l'avouez, j'ai eu tort d'attendre si longtemps.
Utopia est une série qu'il m'est difficile de vous présenter, pas pour des raisons de complexité de scénario, mais parce que j'ai envie de vous laisser la surprise. Je serai donc bref. Becky, Ian, Grant et Wilson Wilson (c'est son nom, pas une étourderie de ma part), les quatre protagonistes, sont passionnés de Comics Book. Ils sont tous en possession du roman graphique The Utopia Experiment, dont l'auteur devenu fou a mis fin à ses jours alors qu'il séjournait en hôpital psychiatrique (joie et bonne humeur dans votre cœur). Un jour, alors qu'ils découvrent l'existence d'un second tome encore jamais édité, ils se mettent en quête de le retrouver. Ils sont, à partir de ce moment là, traqués par deux tueurs psychopathes et contraints de fuir pour espérer survivre.
Mon aveu de tout à l'heure concernant mon rejet des théories conspirationnistes n'était pas tout à fait honnête. Je pense sincèrement que ce sujet, s'il est étudié comme un phénomène de société ou comme un objet de recherche, peut être tout à fait passionnant. Ce que je regrette, par contre, c'est l'utilisation qu'en font beaucoup d'auteurs, et tout particulièrement dans les séries, afin de palier un scénario s’enfonçant épisodes après épisodes vers une histoire sans fin. C'est une porte de sortie facile si vous voulez. Vous ne trouvez pas de conclusion à votre histoire après 15 saisons ? Pas de problème ! Faites appel à votre meilleur complot mondial qui donnera une réponse à toute bonne intrigue qui s'enlise ! Si j'ai décidé de vous parler d'Utopia aujourd'hui, ce n'est évidemment pour ces raisons là, bien au contraire. Ici, c'est toute la trame scénaristique qui tourne autour du complot, dans le sens où le conspirationnisme n'est pas un fin en soit, mais fait parti intégrante de l'intrigue. D'ailleurs en parlant de celles-ci, attendez vous à être scotché à votre canap'. Utopia pose des questions, certes d'apparences simples, mais qui vous resteront en tête une fois le dernier épisode passé, telle une petite mélodie relou dont on arrive pas à se débarrasser.
Souvent lorsque l'on parle de séries on pense plus à un art narratif qu'à un art visuel, cela semble finalement assez logique. En effet, les séries sont contraintes de produire une grande quantité d'images sur une période réduite, alors qu'à l'inverse la production d'un long métrage (j'intègre dans le terme "production" toutes les étapes entre l'écriture du scénario et sa diffusion en salle) peut s’étaler sur un temps beaucoup plus long, non contraint par la norme annuelle des diffusions télé. Pourtant, il semblerai que les créateurs d'Utopia, plus soucieux de la qualité que de la quantité, aient décidé d'allier narration travaillée avec plastique n'ayant rien à envier au 7ème art. Rare sont les productions télévisées où la réalisation participe pleinement à la narration, c'est toutefois le cas ici. Aucun plan ne semble être laissé au hasard, tout a été visiblement réfléchi pour parfaitement coller au contexte. Cette maitrise de l'image nous accompagne donc tout au long du récit où tout semble être en permanence surveillé, à la manière d'un véritable complot mondial.
Vous l'aurez compris Utopia est pour moi une série hors norme. Tout y est soigné, de la musique à la photo en passant par le scénario. Je peux comprendre les personnes ne voulant pas se lancer dans une série pour des raisons de temps. Pourtant là vous n'avez pas d'excuse, du haut de ses six épisodes de 50 min Utopia est rapidement fini. Peut être même un peu trop vite...
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