Cela faisait TRÈS longtemps que je voulais le voir, sa sortie en DVD étant enfin l'occasion de le faire, quitte à être un peu déçu, comme c'est souvent le cas, lors d'une trop longue attente. Et au final, j'ai assez peu eu ce sentiment. Indéniablement, la réalisation est parfois un peu bancale, amenant à une narration claire mais légèrement heurtée, notamment dans la transition entre certaines scènes, donnant presque l'impression d'un léger manque de maîtrise. Mais c'est aussi ça qui fait une part de son intérêt : on évite d'être trop classique, trop propre, on cherche d'autres manières de créer le malaise, sans avoir peur de l'excès, voire de l'outrance.
Il est d'ailleurs à noter que le protagoniste, bien que de loin le moins toxique (avec le personnage de Sondra Locke, moyennement exploitée), n'est pas si attachant tant son inadaptation est souvent criante, à quoi s'ajoute l'interprétation proche du cabotinage de Bruce Davison (pas inintéressante, au demeurant). Quelques seconds rôles marquants, aussi bien par leur méchanceté (Ernest Borgnine) que par leur quasi-folie (Elsa Lanchester), laissant apparaître un univers assez malsain, où le seul moyen de « survie » serait de guérir le mal par le mal...
Enfin, difficile de ne pas aborder le véritable sujet de l' œuvre : je veux, bien entendu, parler des rats. Au-delà de son originalité, le résultat est très convaincant, que ce soit dans leur utilisation (réelle mais pas omniprésente), notamment à travers la relation complexe et ambigu qu'entretient le héros avec Ben, « leader » de la troupe, et ce jusqu'à un final fort, inattendu,
déjouant tous les pronostics du « happy end »
et pourtant d'une logique implacable... Bref, sans être le grand film fantastique qu'il aurait sans doute pu être dans des mains plus expertes, « Willard » cultive sa singularité, ayant même eu les « honneurs » d'un remake en 2003, mais à choisir, profitez désormais de son existence chez ESC (heureusement qu'ils sont là pour sortir des titres comme celui-ci!) pour (re)découvrir ce titre méritant assurément le coup d'œil.