Fort d’une première saison remarquée, Outre-Manche, et pas que, la BBC Two remet le couvert avec ses gangsters de Birmingham, replongeant son public dans les années 20, dans une Angleterre mise à mal par la pègre, une industrialisation outrancière et des voisins républicains irlandais peu dociles. On retrouve donc notre clan Shelby, les Peaky Blinders, son leader charismatique, son univers malhonnête, son entourage troublant, deux ans après la conclusion de la première saison. Steven Knight, l’homme à la barre, ne s’embarrasse que peu d’une quelconque facilité dans la transition, nous immergeant d’emblée dans une continuité qui ne découle pas forcément d’une logique évidente pour celui qui aura laissé couler une année entre les saisons. Mais peu importe la facilité d’approche, l’ensemble tient parfaitement la route, se référant parfois aux épisodes passés pour mieux rebondir vers quelques autres trames narratives souvent audacieuses. Tout n’est finalement question que de deux choses dans cette série, jusque-là du moins, la soif insatiable d’extension du gangster et la rivalité haineuse entre ce même gangster, son clan, et un enquêteur peu farouche assoiffé d’autorité et de vengeance.
Cillian Murphy reprend les armes et la casquette, tout comme l’ensemble du casting, y compris, bien sûr et sans spoiler, Sam Neill. Alors que le milieu dans lequel évoluaient les personnages durant la première saison paraissait déjà suffisamment vaste pour un format six épisodes, voici que les scénaristes propulsent le gang de Birmingham à Londres, dans une quête effrénée de règne criminel. Mais là sont établis deux fortes têtes qui s’opposent, les italiens et leur patron sanguinaire et les juifs, dont le boss n’est autre que l’immense Tom Hardy. Le comédien, on se doute bien que pour sa participation au récent long-métrage de Steven Knight, il lui rend un service en jouant un psychopathe à fort potentiel culte dans sa série. Tant mieux pour nous. Et Tommy Shelby et ses Peaky là-dedans? Eh bien ils sèmeront le trouble, ils prendront les armes et les choses en mains. Là encore, voici l’histoire de l’Outsider voulant devenir champion.
Comme dans tout bon scénario de polar mafieux qui se respecte, on alterne entre trahisons, exécutions, violences et autres magouilles financières. Ajoutons ici la difficulté du maintien d’un noyau familial versatile, la conciliation entre amours et business et nous voici face à une série qui n’aura pas à rougir face à la concurrence américaine, je pense là à Boardwalk Empire. Steven Knight, par ailleurs, bénéficiant pour chaque épisode, le format six épisodes oblige, d’un budget intéressant, parvient à livrer de sublimes images via ses réalisateurs, en vérité souvent supérieures au standing de la télévision que l’on connaît. Soyons franc, Peaky Blinders, s’est beau, s’est esthétisé et les tronches castées sont parfaitement cinégéniques. Un vrai bonheur.
Voilà donc une bonne pioche pour remplir deux voire trois soirées, une bonne pioche qui n’est aucunement une surprise vu la qualité de la première saison. On passe simplement à un niveau supérieur, tout en douceur, dans l’extension criminelle de Tommy Shelby. 17/20