Avant l'arrivée dans la production de Netflix à partir de la saison 5 (j'y reviendrai), on peut dire que la BBC aura offert avec cette série un fleuron du savoir-faire britannique en matière de séries, comme elle l'a déjà fait pour le délicieux Downton Abbey.
Tout est en effet réussi dans ces quatre premières saisons. Si le côté un peu artificiel des décors et l'anachronisme de la bande-son très rock peuvent surprendre dans les premiers épisodes, on est ensuite vite happés dans cette histoire certes classique (la progression d'un petit malfrat vers les plus hautes sphères du pouvoir), mais ici parfaitement illustrée.
Les points forts de la série sont principalement son écriture (on doit l'intégralité des scénarios à la patte de Steven Knight) et son interprétation.
En terme de progression dramatique, de rupture de ton, d'accélération des évènements, j'ai rarement vu une série plus efficace et surprenante. C'est peu dire qu'on est littéralement scotché à l'évolution de la famille Shelby et aux nombreuses péripéties et épreuves qu'elle doit traverser. Le contexte historique qui sert de toile de fond (l'IRA et la question irlandaise, Winston Churchill, la révolution russe et le mouvement socialiste, l'émancipation des femmes, la condition ouvrière) donne une profondeur exceptionnelle aux 24 épisodes de ces quatre saisons, dont plusieurs sont de véritables joyaux de tension et se suspense.
En matière de casting, Peaky blinders réussit un carton plein. Du magnétique premier rôle joué par Cillian Murphy au moindre second rôle, en passant par un très bon Adrien Brody en guest star de la saison 4, les bonnes surprises sont légion. Citons dans le désordre un Tom Hardy (Mad Max) formidable en patron de gang juif, Aiden Gillen (le Littlefinger de Games of thrones) énigmatique en tueur tzigane, Sam Neill (Jurassic Park, La leçon de piano) ennemi convaincant en inspecteur retors dans les deux premières saisons.
Hellen McCrory (Polly) est la tête de file attachante d'une prestigieuse distribution féminine : dans la série les femmes joue un rôle au moins aussi important que les hommes.
La bande-son est aussi audacieuse qu'agréable : Nick Cave, The White Stripes, Tom Waits, PJ Harvey, Arctic Monkeys, Royal Blood, The Black Keys, Radiohead, David Bowie, Leonard Cohen, Foals, Anna Calvi, Joy Division, The Kills, Johnny Cash, Black Rebel Motocycle Club, Anne Brun, Mark Lanegan. Un festin sonore, trash, roots et rock'n roll.
Vous l'avez compris : à ne manquer sous aucun prétexte.