Pourquoi pas ! L’adaptation de la franchise Wes Craven voit un épanouissement soudain sur petit écran depuis 2015. Les showrunner Dan Dworkin et Jay Beattie prennent à la fois le risque et le plaisir de nous faire redécouvrir l’univers du slasher sous un nouvel angle. Les premiers épisodes ont convaincu, un hommage certain, car la mise en scène reprenait bien l’ambiance des premiers Scream. Même si de nombreux acteurs débutent à peine dans une série qui détient un profil intéressant, ils ne restent pas totalement désagréables à suivre… une fois encore, dans les premiers épisodes ! Suite à quoi le chaos et la longueur s’installent. La manœuvre des réalisateurs est assez désastreuse dans le fond. Les codes du slasher sont bien présents, certains sont d’ailleurs très poussifs. La différence avec la vision de Wes Craven, c’est que le slasher occupe une place de premier ordre dans l’intrique, alors que dans les films, le « slasher » faisait également office d’une autocritique en s’ouvrant à nous. Dans cette adaptation, les choses sont trop prises au sérieux pour avoir un recul avenant sur la trame du scénario.
La ville de Lakewood devient le lieu de divers meurtres d’un tueur masqué, dont il aura bien évolué pour se démarquer de l’adaptation au cinéma. Quant au support technique abondamment utilisé ici, pour rappeler que la technologie évolue et qu’il peut s’agir d’un nouvel outil de meurtre et autres abominations morales et mentales. Les réseaux sociaux ont donc un rôle bien précis pour l’immersion d’un quotidien de jeunes utilisateurs, très souvent connectés. Un jeu pour déduire qui est ou sont les fameux tueurs prend alors place, par un script qui nous bombarde d’informations trop explicitent pour que cela nous tienne longtemps en haleine. Ces observations ne nous placent pas loin du rejeton Scream 4 qui nous aura bien fait peur, mais pas dans le bon sens du terme…
Côté acteurs, ils interprètent de manière excessive leurs rôles afin que l’on puisse s’identifier… mais en fait non. À aucun moment (sauf au début), on ressent de l’attachement pour eux. Donc, l’angoisse de les voir disparaître est absente. Ce qui les rend peu voire pas crédibles. On en reparle de « l’héroïne », campée par Willa Fitzgerald ? Rien à voir avec Sidney Prescott, rien. Celle-ci hurle à tout-va en subissant absolument tout. Il s’agit sans doute du personnage le plus irrégulier de la série. Quand elle trouve le courage de percer le mystère du tueur masqué, consciente de sa prise de risque et mais pas de son égoïsme, elle parvient à découvrir certaines choses… et recule de suite, met ses amis en danger (pour rien) et recommence à hurler comme une gamine qui veut sa maman. Des petits conflits d’écoles à sa menace de mort, on serait « presque » tenté de la voire s’éteindre rapidement. Mais ce n’est pas le sujet principal.
Les épisodes planent énormément jusqu’au dénouement ! En effet, la fin de chaque épisode est une révélation ou un rebondissement. Ce qui démarre la suite de telles surprises est vide et très très long à s’amorcer. Nous voulons bien que les indices s’éparpillent intelligemment, qu’on prenne le temps d’y réfléchir, mais l’on ne nous offre ni l’un ni l’autre… On sent tout de même l’effort dans la seconde saison, de nous montrer que les secrets et la conspiration ont un meilleur impact (depuis les premiers épisodes). En conséquence, il oublie qu’il est un slasher et c’est très déconcertant… Pour conclure, malgré une bande sonore adaptée et agréable, mais pas encore assez omniprésente, la série Scream fait figure de flop face à son identité réel. On ne reconnaît pas de « Scream » en cette adaptation par son manque d’horreur et d’ingéniosité dans la mise en scène. Seul le tueur est ici pour nous rappeler d’où est parti ce projet laborieux, qui espérons-le s’approche de son dénouement !