Sortie de nulle part, du moins des rangs d’un distributeur pour le moins discret sur la scène de la télévision américaine, Sundance Chanel, Rectify s’offre pourtant le luxe de concurrencer les grosses pointures du moment. Certes, la promotion de la première saison s’efforçait de faire valoir qu’une partie de la production était la même que celle de Breaking Bad, ce qui n’apportera pas grand-chose tant le show de Ray McKinnon semble voler immédiatement de ses propres ailes. Voilà donc une petite surprise, donc, un instant d’émotion, de mystère, une proposition narrative audacieuse, un pari payant pour son créateur et ses producteurs.
Relativement concise, six épisodes de 40 à 45 minutes, cette première saison nous permet de faire connaissance avec Daniel Holden, prétendu assassin et violeur soudainement libéré du couloir de la mort, après 19 ans d’incarcération, à la suite de la réouverture de la procédure judiciaire le concernant. Enfermé à l’aube de sa vie d’adulte, le bonhomme retrouve sa liberté après des années d’isolement, après des années sans avoir vu la lumière du jour, après avoir vu la date de son exécution repoussée à cinq reprises. On imagine donc bien volontiers que le retour à la vie d’homme libre, pour notre gaillard, n’est pas une sinécure. Comment sa famille réagit-elle à ce retour inattendu? Quelles suites judiciaires seront-elles données à cette libération dite provisoire? Comment la communauté locale vit-elle cette mise en liberté, notamment les anciens bourreaux du brave Daniel? Que de questions fortes auxquelles les six épisodes ne pourront répondre, pour l’instant.
Très juste, contemplative, la série, du moins cette première saison, peint le portrait d’un homme qui doit tout réapprendre, un homme qui doit revivre alors qu’il s’était, en outre, lui-même condamné à mourir, ou tout du moins à vivre enfermé jusqu’à la fin de ses jours. Pour Daniel, brillamment incarné par Aden Young, rien n’est simple. Dans les rapports, humains, dans sa redécouverte d’un monde ayant évolué de vingt ans, le pauvre ne peut que subir. Parviendra-t-il à sortir la tête de l’eau? Aussi, le monde autour de lui parviendra-t-il à l’accepter? Finalement, Daniel est-il coupable du crime dont on l’accuse?
Relativement puissante, cette première saison souffre pour autant de son manque de contenu. On apprécie, certes, beaucoup la narration, la mise en scène et l’intrigue générale mais l’on ne pourra que reprocher à cette première saison sa simple étiquette de prologue. On se réjouit dès lors de découvrir la suite, que l’on espère consistante, tout en restant aussi poignante. 15/20