Les puissants, les hommes au pouvoir, détiennent donc la vérité, sont donc les seuls détenteurs de la réalité. Qu’il s’agisse des autorités durant la guerre froide ou du capitalisme rampant de nos jours, cela n’y change rien. Voici la morale de cette curieuse histoire qui n’en n’est pas vraiment une. Noah Hawley revient, il n’en était pas certain, avec une troisième variation autour du thème Fargo, revisite du prestigieux drame sarcastique des frères Coen, nouvelle plongée dans les plaines glacée du Minnesota après deux saisons, enfin surtout le première, de toutes grandes qualités. L’esprit propre à cette série, cette sorte de franchise indéfinissable, s’il on y inclut logiquement le long métrage initial, est sauvegardée, maintenue. Sarcasmes, drôleries dramatiques, mésententes entre idiots malintentionnés, nous retrouvons les remarquables traits de caractère des deux précédentes saisons, et toujours, du film.
Autant le dire tout net, si cette saison n’est pas la plus limpide qui soit, le flou artistique prédominerait presque en certains instants, le résultat est à la hauteur des attentes. FX livre un nouveau récital, un sans-faute à la fois divertissant, spirituelle, philosophique, triste et hilarant, un modèle d’un genre bien trop rare. Deux frères jumeaux que tout oppose, cupides, bêtes et sournois, une pépée machiavélique à sa façon, un grand méchant mystérieux et boulimique, sorte d’incarnation d’un capitalisme criminel toléré, et finalement un shérif local, au féminin, et sa hiérarchie. De quiproquos en malentendus, de drames en révélations, l’étau se resserre jusqu’à l’étouffement autour du cou d’une bande de malheureux victimes des évènements.
Dans un déluge jubilatoire de circonstances, nous parcourons un brin hagard et surtout curieux pour ce que se cache derrière la façade, les péripéties de ces loosers et loups des temps modernes. De Pierre et le Loup à un final en parfait équilibre moral avec la scène d’introduction, en passant par une escapade vivifiante et maligne à Los Angeles, Fargo brille littéralement de mille feux pour une troisième fois consécutive. Un bijou inclassable, une série comme il n’est existé aucune autre qui satisfaire tous les amateurs de renouveau, de découvertes. On salurera, pour conclure, le casting cinq étoiles, surtout Ewan McGregor, stupéfiant dans son double rôle, et David Thewlis, impeccable. 18/20