La deuxième saison d’Äkta Människor (Real Humans), créée par Lars Lundström, a débuté le 1er décembre sur la chaîne publique suédoise SVT1 et débarquera le 2 Avril 2014 sur Arte en France. Dans la ligné de Tunnel, chroniqué plus bas dans nos pages, Real Humans a un fort potentiel de réflexion sociétal. Les pays scandinaves seraient-ils à la pointe du questionnement sociologique et politique ? Ici, il est question d’un monde où, depuis un passé proche, le marché du travail a été accaparé par des hubots (robots) construits en masse par quelques grands consortiums ayant, entre autre effet pervers, d’accentuer le chômage dans les secteurs primaires et secondaires. Le scénario de la série s’oriente autours des grandes questions que posent un tel bouleversement.
On suit les péripéties dû au hubots à travers la vie quotidienne de plusieurs familles suédoises, l’une de la classe moyenne, plutôt aisée, et l’autre d’ouvrier en reconversion. Et en parallèle, et l’on verse véritablement dans la science-fiction de ce point de vue, on suit un groupe de hubots auquel un hacker a donné, en modifiant leur code source, le libre arbitre. Mais certains hubots non libéré par David Eischer font preuve d’eux-mêmes d’une certaine prise de conscience à propos de leur propre existence. Voilà pour les bases. Mais en quoi cette série pourrait-elle être « un miroir pour nos propres existences » comme le dit, Lars Lundström, le créateur de la série ?
Les relations humains/hubots sont la métaphore de la relation qu’entretiennent nos sociétés avec leurs immigrés. On leur confie les tâches les plus ingrates, conservant pour nous les postes à hautes valeurs ajoutés dans les secteurs tertiaires. Enfin, pour les plus aisés d’entre nous. Comme c’est le cas pour Roger (Leif Andrée) qui se fait licencier de son usine au profit d’un hubot. Pour les capitaines d’industrie, il n’y a aucun problème légal, on automatise la production, voilà tout. Seulement, au Pôle Emploi suédois, Roger est aussi accueilli par des hubots, normal, crise oblige, on réduit les coûts et les hubots réduit à un état de quasi-esclavage ne manifestent pas et ne réclament pas de pause repas… Alors Roger est mécontent et il rejoint les 100 % Humains, parti d’extrême-droite hubophobe qui ne propose comme seul solution que le rejet et la haine… Roger, malgré la misère sociale et culturelle dont il est victime prendra conscience de son erreur après une péripétie qui le chamboulera. Trop tard pour son fils adoptif, Kevin (Fredrik Silbersky), qui a rejoint le mouvement jeunes du groupement anti-hubots et s’engage à fond dans ce mouvement qui semble lui expliquait par des schémas trop simplistes les problèmes de son père. Il ne prend aucunement conscience que les hubots sont embauché et eux-mêmes largement exploités.
D’un autre côté, Inger Engman, avocate, conserve son poste, aucun humain ne se verrait confiait sa défense à un hubot pour l’instant. Cultivée, elle accueille dans sa famille une des enfants de David qui s’est séparé du groupe initial, Mimi (Lisette Pagler). Et prenant conscience de son libre arbitre, la décharge de ses obligations ménagère et l’adopte comme un vrai membre de la famille. Ce qui mène à des incompréhensions plus ou moins forte dans sa famille et son univers professionnel. Et Mimi de se faire à la culture humaine et de s’intégrer… Tout en vivant avec difficulté un choc des cultures entre sa famille d’adoption et celle de son créateur. Flash (Josephine Alhanko), une de ses sœurs suit en parallèle un parcours semblable en voulant se marier à un humain, mariage mal vu par le prêtre qui n’apprécie guère les mariages mixtes…
Les hubots libres qui se font appeler « les fils de David », et cultive un culte autour de leur géniteur disparu, sont l’autre face de la médaille. Ils jouent ici le rôle des extrémistes fondamentalistes. Comme eux, ils sont peu nombreux, on en parle beaucoup trop et leur pouvoir de nuisance augmente en même temps que leur médiatisation.
Chômage de masse, crise économique, xénophobie, fondamentalisme, autant de sujet au cœur de cette série qui réfléchissent effectivement les côtés les plus sombres de l’actualité de l’année passée et qui risquent fort, malheureusement de faire les gros titres l’année prochaine. Espérons que l’issue de la saison 2 de Real Humans nous laissera entrevoir un avenir plus radieux.
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