Il est bien compliqué de critiquer une saison de « Black Mirror », et tous ceux qui connaissent la série comprendront aisément pourquoi. Quand chaque épisode est en fait un court-métrage indépendant à lui tout seul ; juger la série revient à juger un package global dans lequel se côtoient des œuvres parfois très éloignées les unes des autres. Ainsi, certains pourraient penser qu’en mettant « 5 étoiles », je ne fais qu’établir une moyenne des six épisodes que j’ai vu, et qu’en fin de compte, tous sont au top. Ce n’est pas le cas. C’est même loin d’être le cas. Sur les six épisodes, il y en a notamment un d’entre eux que j’ai trouvé très moyen, voire même assez raté : c’est l’épisode 3 intitulé « Shut Up And Dance ». Intrigue pas si originale que cela, rythme boiteux, et surtout une démarche finale plus que discutable : pour moi on a avec cet épisode l’un des plus beau loupés de la série. Je pourrais aussi dire de l’épisode 2, « Playtest », qu’il est loin d’être parfait non plus, même s’il est beaucoup plus réussi. Pour le coup, il combine déjà beaucoup plus facilement les caractéristiques propres à un épisode de « Black Mirror ». Intrigue rapidement immersive, univers intrigant lié aux nouvelles technologies, réflexions sur de réels problèmes de société que cela pourrait poser et surtout une certaine cruauté cynique qui fait la patte de la série. Même si je trouve l’amorce loupée et le questionnement posé pas assez fouillé, ça fait quand même le taf, et c’est ça qui est bon. D’ailleurs, si je mets « 5 étoiles » à cette saison, c’est justement pour cette qualité là que l’on retrouvait déjà dans les saisons précédentes. La force de « Black Mirror », c’est sa capacité à se créer une identité forte entre ses épisodes, malgré l’indépendance de chacune des intrigues. Il y a un esprit et une intelligence « Black Mirror », mais ce qui est remarquable dans cette série, c’est qu’en plus de cela, il y a de la créativité et de la maitrise formelle. Chaque épisode est – je trouve – souvent très inventif. Certains d’entre eux sont mêmes des bijoux cinématographique à eux tous seuls. Ils sont malins, denses, riches et d’une implacable pertinence dans ce qu’ils énoncent. Deux épisodes survolent à mon sens clairement la mêlée : le premier intitulé « Nosedive » et le quatrième intitulé « San Junipuro ». Je n’ose même pas en dire davantage. Ceux qui ont vu savent de quoi je parle. Ceux qui n’ont pas vu savent désormais ce qu’ils se doivent de voir. Tout ce que je retire de ces deux seuls épisodes c’est qu’il m’est inconcevable de mettre moins de « 5 étoiles » a une série capable de proposer deux chefs d’œuvres comme ceux-ci parmi six épisodes, somme toute, tous au minimum corrects. Et s’il doit y avoir des loupés comme cet épisode 3, eh bah ce n’est pas grave. Je préfère une saison de six épisodes avec deux chefs d’œuvres, trois très bons épisodes, et un loupé, plutôt que six épisodes égaux mais juste bons. « Black Mirror » est un lieu d’audace permanente. C’est un lieu de création. C’est un lieu où le cinéma et l’anticipation avancent… Donc oui, ce « Black Mirror » ne peut être traité que comme un moment du septième art. Et c’est bien ce qu’est pour moi cette saison 3. Donc oui j’adore. Et oui je vous invite grandement à vous jeter dessus…