UNE PSYCHOSE BIEN ADDICTIVE :
Bates Moral se déroule de nos jours. Une volonté de décontenancer le spectateur, de ne pas miser uniquement sur les artifices du prequel du film "Psychose" mais de puiser ailleurs.
La série s'ouvre au moment où Norma et Norman (déjà un détail étrange et annonciateur d'une relation très forte entre la mère et son fils) déménagent dans une région portuaire après la mort suspecte du père de famille. La mère rêve d'un nouveau départ, elle place ses économies et l'argent de l'assurance-vie de feu son mari dans un motel de bord de rue et son manoir avoisinant. Une reconstitution parfaite du décor de Psychose.
Malgré le décor rétro, l'étrange garde-robe de cette mère de famille, la série fait ce pied de nez contemporain. Dans un manoir victorien et une atmosphère "à la Conjuring" , la famille utilise leurs smartphones, des ordinateurs portables et autres objets d'aujourdhui. Le jeune garçon se rend en soirée de lycée en décapotable, avec ses nouvelles amies, pimbêches lookées et filles à papa. Et cela fonctionne.
L'essentiel de cette première saison se fonde sur la relation de la mère au fils, relation œdipienne et torturée. De façon très progressive, la série installe ce que l'on suspecte. Norma Bates est une femme impulsive, colérique, parfois tyrannique. Dès le pilot,
elle tue l'ancien propriétaire du motel venu l'agresser.
Alors que Norman Bates, lui, n'est pas d'emblée un garçon solitaire et normopathe, sa personnalité se veut plus subtile, plus ombragée. Dans les rôles respectives, Vera Farmiga (The Departed, Conjuring) et Freddie Highmore, le petit Charlie paradant dans la chocolaterie, apportent une solidité à leurs personnages. Si Vera épate par son jeu fort, noir, teinté d'amour mal placé, c'est le jeune Norman Bates qui réussit à surprendre le plus. Un jeu tout en complexités, de frustrations, d'innocence et d'affection, ballotté par un désir de plaire et de quitter la mainmise maternelle.
Grâce à son casting principal et cette relation mère/fils qui s'effrite, s'intensifie, s'abîme d'épisode en épisode, Bates Motel dérange par sa conduite spectaculaire mais lente, ses rebondissements répétés allant crescedo, et s'éloigne volontiers des sentiers battus.
Les dix épisodes de cette saison jonglent entre l'héritage de Psychose, ses influences à la Twin Peaks, son aura étrange et une cadence de série publique où les enquêtes et les meurtres se superposent en couches parfois complexes mais intelligentes. Assassinats, pressions, menaces, et choses qui ne tournent pas rond, veillent à faire de Bates Motel un thriller moderne et intense.