Pyschose, ce monument du cinéma signé Alfred Hitchcock, aura eu le droit à l'explication de ses origines, en série. C'est ainsi que Bates Motel, nouveau drama sensé expliquer le commencement de la folie du grand et fameux Norman Bates, vit le jour. Autant dire qu'il y avait de quoi être pessimiste à l'idée de créer une série qui serait tout le temps comparée à Pyschose. Bien évidemment, Bates Motel n'arrive pas à la cheville de son modèle, mais propose des qualités indéniables qui en font une série à critiquer à part entière, sans avoir à la comparer sans cesse avec Psychose.
Le rythme est régulier et continu, tous les épisodes font avancer l'intrigue et sont réellement utiles, comme trop peu de séries de nos jours. En vingt épisodes, Anthony Cipriano a réussi à planter des intrigues par-ci par-là pour former une série digne de ce nom. Car soyons francs, si Bates Motel ne faisait simplement qu'expliquer les origines de Norman Bates, on s'ennuierait bien vite. C'est pourquoi je ne comprends pas ceux qui disent que Norman ne fait qu'un caméo ou qu'il n'est pas le personnage principal, évidemment car le but n'est pas que de se concentrer sur lui, le but est d'aborder plusieurs raisons qui ont abouti à sa folie, à savoir sa mère, ici jouée par Vera Farmiga qui est exceptionnelle en Norma Bates, la ville de White Pine Bay corrompue par le marché de la drogue, et son frère qui l'a influencé dans ses actes.
Oui, les péripéties sont parfois prévisibles, mais qu'est-ce que ça change ? L'élément qui me dérange le plus pour ma part est la mini intrigue de Dylan et son job quelque peu douteux. Je ne vois pas en quoi cela est utile au récit à part essayer de le rendre encore plus sombre. J'accorderais également le fait que tout ce qui arrive à cette famille est vraiment parfois bien trop fantastique, et l'on se dit que c'est impossible que tant de malheurs arrivent à ces gens en si peu de temps. Mais la deuxième saison arrange un peu cela, notamment avec l'ellipse de quatre mois où rien d'étrange ne se passe dans la famille Bates.
Pour en venir à Norman Bates, ici campé par Freddie Highmore que je trouve parfait pour le rôle (Je ne vois pas ce qu'on peut lui reprocher, il est froid et sans émotion et c'est bien ce qu'on lui demande), son intrigue est vraiment bien amenée. On se rend rapidement compte qu'il n'est pas maître de ses actes et naïf comme tout, ce qui le poussera à devenir un tueur en série psychopathe. Même si l'explication assez facile des "trous noirs" qui le prennent de plus en plus est proposée, on est réellement parfois effrayés par ce personnage.
Norma Bates fait un boulot formidable, la relation qu'elle entretient avec son plus jeune fils parfois incestueuse a de quoi faire frémir à certains moments et sa psychologie est incroyablement bien étudiée. La mère de Norman est en réalité aussi folle que lui, d’où les nombreuses fois où les deux personnages se disent ne faire qu'un. Les actes de Norma ont de très grandes répercussions sur Norman et inversement. C'est pourquoi même il en vient à se dire que c'est sa mère qui accomplit ses actes meurtriers, sa folie prenant encore plus d'ampleur.
La musique n'est pas aussi marquante que Psychose, mais cela était déjà pari perdu. Quoique, j'aurais bien aimé entendre une ou deux fois les musiques de l’œuvre originale réutilisées dans la série. On ne peut que le regretter mais qui sait, une saison trois est en préparation. La tension monte de saison, la saison deux étant un petit cran au-dessus de la première grâce aux évènements peut-être plus importants à l'intrigue et au rythme encore plus rapide.
Bates Motel réussit donc son pari de faire un bon drama sans prétention. Malgré les références à Psychose, il faut passer outre cela pour apprécier car si vous n'y arrivez pas, vous n'aimerez probablement pas. Il faut prendre la série comme œuvre à part entière. A partir de ce moment, on se rend compte d'un réel talent d'écriture et de mise en scène qui rendent l'intrigue intéressante et ne faisant pas décrocher une seconde. Je regarderais sans aucun doute la saison trois qui s'annonce très bonne après les derniers évènements survenus et qui possède un gros potentiel. Rendez-vous donc en 2015 au Bates Motel.