Bates Motel nous propose de revenir sur l'adolescence tourmentée du jeune Norman, à travers la relation singulière qu'il entretient avec sa mère Norma. Un synopsis plutôt vendeur à l'heure où des séries comme "Dexter" ou "American Horror Story" cartonnent sur le petit écran. Malheureusement, n'est pas Hitchcock (ou Showtime) qui veut, et là où le film du Maître du Suspense nous faisait palpiter au rythme d'une tension à couper au couteau, la série peine à exciter le moindre frisson – voire le moindre intérêt. Un héros assez mollasson aux faux airs d'Andrew Garfield (bien connu pour son rôle du pire Spiderman de tous les temps), des gamines plutôt mignonnes obscurément attirées par le bizarroïde de service, des flics soupçonneux sans raison, des planteurs de cannabis (?!) nous entraînent bien loin du Bates Motel original. Cette prequel, qui n'en est d'ailleurs pas vraiment une puisqu'elle se déroule à notre époque, manque singulièrement d'atmosphère ; ou plus exactement, elle hésite entre l'hommage aux 60s d'Hitchcock (Norma Bates et son fils, ringards à souhait, sont tous deux fans de films classiques et de vieux 33 tours) et l'adaptation moderne (fêtes, drogue, mangas et smartphones), avec pour résultat une ambiance surannée bizarrement anachronique.
Plus dommage encore, la relation mère-fils, qui est au cœur du mystère Norman Bates, est assez grossièrement abordée. Si la production a tapé plutôt juste en confiant le rôle de la mère dominatrice à une Vera Farmiga en mode mante religieuse, elle rate le coche en insistant lourdement sur l'ambigüité Norma/Norman, qui finalement n'en est plus une, puisque tout est fait pour que le téléspectateur comprenne bien qu'on est dans un rapport d'inceste psychologique ; le fils aîné de la famille, sorti de nulle part, semble d'ailleurs avoir pour seul fonction dans la série que d'évoquer le "petit couple" formé par Mme Bates et Bates Junior (au cas où la subtilité de la situation nous aurait échappée).
En somme, Bates Motel tient plus du motel que du trois étoiles : on s'y arrête faute de mieux attiré par une enseigne flamboyante, mais les rideaux vieillots, la tapisserie fade, le mobilier brinquebalant et l'ambiance tristounette ont vite fait de nous faire décamper…