D'une façon générale, cette série me laisse perplexe. J'oscille constamment entre déception et satisfaction, ce qui m'amène à penser qu'Eli Roth n'a pas brouillé les pistes au hasard : il voulait semer le trouble, à tous les niveaux.
Casting : 3,5/5
On retrouve généralement des personnages attachants, intrigants et passionnants. Il y a d'abord Famke Jenssen (Olivia), qui nous livre, à chaque épisode, une prestation envoûtante et dérangeante. Bill Skarsgård (Roman) s'en sort lui aussi très bien avec une façon de jouer très particulière, presque décousue. Coup de chapeau à Madeleine Martin (Shelley) également, qui fascine autant qu'elle terrifie.
Je tiens également à saluer les performances de Freya Tingley (Christina) et de Kandyse McClure (Clementine), qui sont apparues plus que convaincante à l'écran, avant leurs regrettables disparitions.
Landon Liboiron (Peter) et Tiio Horn (Destiny) sont tout aussi efficaces dans leurs rôles respectifs, bien qu'un peu en-deçà du niveau général. Même remarque pour Dougray Scott (Norman) et Joel de la Fuente (Johann).
Le bilan de ce casting est donc plutôt positif, bien qu'il y ait d'infimes inégalités qui, parfois, plongent certains acteurs dans l'ombre.
Écriture : 1,5/5
Aïe. C'est ici que les problèmes se concentrent concernant Hemlock Grove. Brian McGreevy, dans ses livres, était parvenu à créer une cohérence inquiétante au coeur de son intrigue. En revanche, à l'écran, ça n'est définitivement pas la même chose. Les dialogues sont brumeux, embrouillés et esthétisants : on recherche la poésie plutôt que la compréhension du spectateur. C'est dommage.
Ce n'est donc pas à travers l'écriture que l'on peut apprécier le talent des acteurs, mais seulement à travers l'émotion qui les habite (ou non). L'ensemble est morcelé, tortueux. Il n'est pas vraiment possible, à première vue, de s'y retrouver : on se fait nous-mêmes happer par Hemlock Grove, mais dans le mauvais sens du terme...
Esthétique : 4/5
C'est le point fort absolu d'Hemlock Grove. Il n'y a pas grand chose à redire, les images sont terriblement belles et la technicité mise en oeuvre est admirable. En revanche, Eli Roth s'est lancé dans une réalisation frontale : la magie peut s'avérer inefficace face à certains spectateurs, étant très particulière.
Mais, d'une manière générale, il serait malvenu de ne pas reconnaître le travail de qualité effectué sur cette série.
Intrigue : 2/5
C'est ici un autre point faible de la série. L'intrigue en elle-même, sans trop en dévoiler, n'a pas de sens clairement établi. On ne sait pas trop où on est, on ne sait pas trop où on va, bref, c'est un brouillard épais qui plane au-dessus d'Hemlock Grove.
La question que l'on peut se poser est la suivante : est-ce accidentel ? Est-ce planifié depuis le début ? Il faudrait demander cela à Eli Roth... Plus sérieusement, arrive un moment où l'on doit livrer au spectateur des éléments de réponse, au risque, à terme, de le perdre...
Univers : 4/5
L'univers, qui à mon goût marie ceux d'American Horror Story, de Sherlock et de True Blood, est complètement hybride. Il a les apparences du "déjà vu", mais franchit finalement la ligne d'arrivée avec une grande originalité.
Il est évident qu'Hemlock Grove n'est pas la série de l'année, Netflix nous ayant habitués à mieux avec par exemple Orange Is the New Black. Mais ceci étant dit, ce n'est pas du mauvais travail pour autant. Il faut relativiser : qui dit oeuvre originale dit réception morcelée, les goûts et les couleurs s'affrontant activement face à une telle série. Nous savons déjà que la saison 3 sera la dernière, reste à savoir si elle clôturera son histoire plus dignement qu'elle ne l'a commencée...