Une saison en deux parties qui sent clairement la fin ainsi que l’inspiration en berne. J’en veux pour preuve le mix des films Hannibal et Dragon Rouge, ce qui est étrange car ils sont unanimement reconnus comme étant nuls, les époques changent…
La 1ère partie est longue, lente, limite inutile et lourde. Si je vous dis : traque du psychopathe vous vous imaginez un rythme haletant, de la réflexion, de l’intense, un peu de violence, de l’action… Le Fugitif en mieux quoi, et ben loupé. Non c’est juste un long errements fait de longueurs, d’épisodes étirés un max, de dialogues pompeux et qui n’amènent rien ni sur la psychologie des personnages, ni pour le récit. Le montage également est aléatoire ou anarchique, choisissez, avec : des coupes sans raisons, on passe de Paris à l’Italie et Florence, mais sans que ce soit clairement signifié ou que l’on ait de repères temporels pour cadrer les évènements, du film Dragon Rouge à Hannibal sans le détour du Silence des Agneaux, des scènes qui arrivent sans qu’on ne sache comment ni pourquoi et sans amener quoi que ce soit à l’intrigue… avec en point d’orgue une genre de fin abrupte et niaise
(l’arrestation en forme de reddition de Lecter, autant dire que la traque finit en eau de boudin et ne ressemble en rien à celle du livre).
Le but est clairement de choquer par des images et des morts spectaculaires,
la mort de Pazzi en est l’illustration parfaite, quant à celle de Mason elle est moins bien que dans le livre, mais vaut son pesant de cacahuètes quand même
. Bref c’est le bazar, surtout comparé à la suite de la saison qui est tout de suite mieux traitée car elle repose sur une base solide : Dragon Rouge.
Dans cette 2nd partie on revient donc aux 2 premières saisons : à la recherche un tueur, les protagonistes s’entraident, des lieux définis… Certes mais Hannibal et Will sont moins présents, dommage car ce sont les personnages principaux, l’overdose a peut-être été atteinte avant, c’est bête. Ok l’un est en prison, mais on pouvait l’utiliser autrement, dans le film c’était intéressant. L’autre enquête mais on ne sait comment, puis Crawford disparaît presque, sans raison, on y perd. On peut remarquer que les producteurs essaient d’exploiter à fond le personnage de Lecter une dernière fois. Pour cela ils mixent les moments les plus macabres et gores avec des phases de réflexions « intenses ». A part le fait que ce soit trop poussé et forcé, donc ridicule, ça ne s’y prête pas et on décroche. Puis niveau fidélité le côté schizo et tourmenté par sa grand-mère de Francis est zappé, cela au profit de sa folie alors qu’il est dit qu’il n’est pas dément. Ah et sachez que Francis c’est Superman, il sait tout, il voit tout, il est là où il faut quand il faut, il attaque au bon moment et de multiples coups de couteau et de hache, même bien placés, n’ont pas raison de lui. Quant à la fausse mort à la journaliste dans la saison précédente, là ça pose souci. En effet, ça empêche de suivre la trame normale, donc on modifie et c’est Shilton qui prend encore, alors que ça n’a jamais été le cas et que ça aurait été bien mieux de faire déguster Freddie Lounds.
Alors certes on revient au bouquin, et à la trame de la saison 2, mais sans trop piocher dans l’œuvre de Thomas Harris, c’est vrai qu’elle est top donc pourquoi ne pas s’en départir ? Les mecs réussissent à faire pire que le film, faut dire qu’en bâclant le récit ça n’aide pas. Il aurait fallu consacrer la saison entière à la chasse de la petite Souris, mais non. Le pire c’est que, même en accélérant l’intrigue au point de la rendre stérile, les scénaristes arrivent à nous coller des longueurs et des répétitions, le tout dans un montage foireux, chapeau. Pour rendre la chose plus intelligente on nous colle des dialogues alambiqués, énigmatiques, balaises (même en VF) mais surtout moins réels et bien plus vides, rappelons que les psys ne parlent pas ainsi. Puis le final, on en parle ? Vaut mieux pas hein ? Celui de la saison 2 était bien mieux, celui-ci n’a pas de légitimité et ne vaut rien, c’est limite une caricature de ce qu’est devenu la série depuis ladite saison : un spectacle gore trop ricain.
Un gros souci est celui des personnages : pourquoi ramener Abigaël si elle sert si peu ? Will la prend presque pour sa fille mais elle disparait sans raison, tout autant qu’elle revenait sans qu’on sache pourquoi. Puis en soit elle ne sert à rien, et elle n’est pas la seule dans ce cas, j’ai nommé : Bedelia. Pourquoi elle est là d’abord ? Hormis qu’elle n’existe pas dans les livres, qu’elle semble là juste pour rajouter une star et être une caution féminine de plus, la psychologie de son personnage est juste déglinguée. Pourquoi suit-elle Hannibal ? Le syndrome de Stockholm ou l’émulation ne suffisent pas à justifier l’extrémité de ses actes. De même, pourquoi cette fin ? A part pour choquer encore elle n’a pas lieu d’être.
J’ai aussi l’impression que les scénaristes ont changé en cours de saison, ou entre les 2 dernières. Les nouveaux n’ont pas compris la relation Graham-Lecter, c’est pourquoi elle semble si artificielle et fausse. On est passé du gendarme-voleur, ou chasseur-chassé, à des amoureux gays refoulé, non mais sérieux. D’une manière générale les rôles ont été inversés, en pure perte car ça gâche tout et ça sonne moins réaliste, Shilton est passé de serial killer à docteur d’un asile de serial killer… Puis pourquoi aborder Mischa si on ne s’en sert pas ensuite ? Pareil pour Chiyo, juste là pour justifier un meurtre qui choque. Dans un autre genre les « faux raccords » sont assez abusés. La cicatrice au cou d’Abigaël n’est pas des plus ponctuelles. Excepté le fait qu’elle aurait dû mourir, car même si le docteur savait où trancher pour ne pas la tuer perdre autant de sang c’est mortel, son cou reste net assez souvent. Will aussi, son presque décalottage, qui n’a encore de légitimité que le fait de récupérer tout ce qui impressionnait dans les films, ne laisse pas grandes marques par la suite, impossible. Enfin, la cellule de Lecter n’est pas celle qu’on lui connait, là elle est immense et il jouit de beaucoup de privilèges, irréaliste mais aussi inutile, en quoi un tel espace sert les scénaristes ? En rien, donc pourquoi amener une énième incongruité ?
A l’exception de toutes ces erreurs, ce qui en fait déjà un paquet, on a toujours des petits clins d’œil ainsi que des phrases cultes, c’est sympa mais anecdotique. Les effets visuels sont intéressants notamment lors de la scène racoleuse entre Bloom et Verger, ou façon tâche de Rorsach entre Will et Hannibal. En soit cette saison est clairement en baisse par rapport aux autres, d’où ma note. Le fait qu’elle soit coupée en deux n’aide pas, surtout que la qualité est alors inégale. En fait, elle finit d’achever un ensemble mal géré et une œuvre trop délicate pour être portée à l’écran de façon si désinvolte.