Après le n’importe quoi de la fin de la 1ère saison je voulais m’acharner, voir ce qu’il allait se passer ensuite, si les scénaristes allaient pousser l’abus toujours plus loin, toujours plus fort, toujours plus « US powa » dans une série qui ne le permet pas.
On peut dire que dès le début on n’est pas déçu, avec une opposition qui n’a jamais eu lieu ni dans les films ni dans les livres, les inexactitudes se répètent donc. L’enfermement de Will chez Shilton (vite remis d’ailleurs celui-là, Lecter est de mon avis) est du même acabit.
Que ce dernier soit emprisonné là non plus ça ne passe pas, ça n’a jamais été le cas et comment deviendrait-il directeur d’un hôpital après, surtout celui où il y aura une autre protagoniste de l’affaire ? Plus qu’improbable, même s’il est acquitté. Autres erreurs : Beverly découpée en strates après avoir été mise au frigo, en un soir ? Impossible de congeler une telle masse en si peu de temps, en une semaine peut-être. Hannibal a les avant-bras perforés, comment pourra-t’il par la suite continuer d’exercer la chirurgie ? Le fait de choper vivant l’agresseur de Lecter, envoyé par Will, ça n’aurait pas pu faire avancer les choses non plus ?
. Dans le genre, mettre une combinaison à Hannibal est logique pour éviter toute trace d’ADN, mais rien pour la tête ? Les cheveux étant un vrai réservoir à indices cet oubli est trop important pour le niveau auquel on veut placer la série.
L’autre bémol tient du fait que tous s’accordent à dire qu’emmener Will enquêter sur le terrain l’a rendu fou, et a contribué à en faire le psychopathe recherché. En ce cas, pourquoi continuer de le consulter pour d’autres meurtres ? Pour l’amener à se dévoiler quand on dit que ce tueur est trop malin pour ça ? Et encore, pour cela il faudrait chercher à le pousser à l’erreur, ce qui n’est pas fait (pas montré alors). Les raccourcis scénaristiques ne s’arrêtent pas là : Lecter prend trop vite Graham sous son aile, on rappelle qu’ils ont essayé de se tuer l’un l’autre. Reprendre la mort du journaliste de Red Dragon c’est nul aussi, ça ne servait à rien ici et ça gâche le choc qu’on a dans le film (ou dans suite de la série). Toutefois la relation du « patient-psy » s’approfondit, toujours sous couvert d’empathie et de ressemblances.
La starification débile à outrance ne me sied guère. Ici on a Fishburne, connu pour son rôle dans Matrix, donc on veut l’utiliser. C’est pourquoi on retrouve un directeur du FBI si impliqué et qui va enquêter seul, en étant sur toutes les scènes de crimes en plus. Faudra juste aussi m’expliquer la raison de
ramener Abigaël ? Même si je me doute qu’elle aura un rôle dans la prochaine saison, là ça tombe comme une bouse. Elle revient d’un coup, sans explications, sans raisons non plus, et elle disparait encore plus vite. Vu ce que ça aurait pu entraîner comme conflits intérieurs pour un Will qui aurait pu devenir père, je suis étonné de constater qu’on passe à côté.
Cependant je suis content de voir que les choses avancent, j’attendais de voir exploité les diverses dérives du psy cannibale, surtout celles juste évoquées dans les livres telles que Mason (même si celle-ci ne finit pas comme dans le livre). Le doute qui envahit Jack Crawford petit à petit est bien amené, de même que le mélo avec sa femme qui va continuer à alimenter l’ambivalence de ses pensées envers Hannibal. Dans le genre le final est beau, réussi, bien trouvé, limite poétique avec la musique en fond et le traitement de l’image, mais là encore complètement détaché de l’œuvre originale. Notons que le post générique est bluffant et inattendu, sur fond de variations Goldberg (encore), c’est nickel. Le jeu d’esprit du chat et de la souris continue, c’est sympa, tout comme l’inversion des rôles entre Will et Lecter. Les provocations voilées et les sous-entendus sont intéressants, autant que le côté Dexter que prend la série (le sang, un tueur qui officie sur ses crimes). Et puis enfin, enfin l’empathie de Will est bien employée, sans partir dans la magie, et il montre alors son intelligence. Le piège tendu à Hannibal est bon, construit avec suspens et malice, ça fait plaisir.
Par contre, il faut bien avoir suivi la saison 1 pour comprendre la 2ème sinon on passe à côté de beaucoup de choses. Hormis cela les FX sont toujours aussi bons, il y a plus de sang, c’est plus gore et la musique sonne moins bien en général. Pour ma part j’apprécie le fait de retrouver certaines phrases et décors cultes : « les souvenirs c’est tout ce qu’il me reste », le fameux masque sur Graham ou en friand, les cellules de Baltimore, les variations Goldberg etc, même si c’est parfois un peu tiré par les cheveux pour les introduire. La saison marque un tournant dans la narration, c’est sympa mais ça ne fait toujours pas décoller la qualité.