Le cinéma inspire les séries, et inversement. Surtout ne pas mettre ces deux formes artistiques dos à dos, puisqu'elles se complètent sans cesse. Il y a vingt-cinq ans sortait Le silence des agneaux, chef-d'œuvre ayant terrorisé la planète. Avec ce film, Jonathan Demme a fait découvrir à des millions de spectateurs le vrai visage du Mal. Aujourd'hui, Bryan Fuller remet les personnages au goût du jour, pour notre plus grand effroi.
Rarement la télévision n'avait produit quelque chose d'aussi noir, pervers, dantesque. D'un côté, chaque épisode montre de quoi l'être humain est capable. Spectacles macabres, tortures et sévices indescriptibles, tout est fait pour que vous vous souveniez de cette série comme d'aucune autre. L'enquêteur en charge de ces diverses affaires est tout aussi déséquilibré. Souffrant de troubles internes, il se met à la place des psychopathes pour pouvoir trouver le coupable. Aux grands maux les grands remèdes, Hugh Dancy interprète son personnage avec une empathie démente et fait plonger le public avec lui dans sa folie autodestructrice.
De l'autre, vous avez l'horreur ineffable. Celle qui ne se montre pas. En dire le minimum, pour en susciter le maximum. Hannibal, personnage mythique de la littérature contemporaine, devait avoir un acteur à son niveau. C'est chose faite avec Mads Mikkelsen, sorte de dragon drapé dans un costume de fin gourmet. On se délecte de son phrasé léché, sa gestuelle impeccable et cette aura, aussi pure qu'un Châteaux-Latour 1961. Mais l'habit ne fait pas le moine, car derrière ce personnage charismatique se cache une ombre à vous glacer le sang.
Ecrite avec une plume de faisan accompagnée d'un scenario concocté aux petits oignons, on appréciera particulièrement l'assaisonnement de ce récit. Formant une boucle vicieuse afin de mieux emprisonner son auditoire, les motivations des protagonistes se dessinent, la tension augmente et l'étau se ressert. Mais qu'importe, le vrai spectateur, masochiste et névrosé, est celui qui ne tourne jamais le dos à ses frayeurs les plus sombres. D'ailleurs, les saisons suivantes viennent de cuire. Vous reprendrez bien un peu de dessert ?