Les personnages froids et méthodiques, le plus souvent masculins, sont légions depuis quelques années sur les chaînes câblées américaines. Le pari est relevé avec plus ou moins d’habileté. De « Dexter » à « Ray Donovan », Showtime est passé d’un tueur en série agissant dans l’ombre à un « cleaner » agissant pour le compte de célébrités de Los Angeles.
« Ray Donovan » est une série qui ne marquera pas l’histoire des séries, ni même votre mémoire. Le personnage éponyme est un quadra, tiraillé entre ses propres démons, sa vie professionnelle et une femme restée sagement au foyer, qui lui demande des comptes chaque soir. Exactement comme la série qui l’a précédée sur cette case horaire. Visiblement peu avare de clichés, « Ray Donovan » a cru bon d'impliquer un prêtre pédophile dans l'histoire venu troubler l’enfance des trois frères Donovan, victimes du décès prématuré de leur mère et de la négligence de leur père taulard. Les frères de Ray, Terry – atteint de Parkinson – et Bunchy – junkie alcoolique et dépressif - participent au misérabilisme et à la sinistrose, maître mots de cette série. On ne compte plus les interminables scènes où Bunchy se lamente sur son propre sort et celles où Terry tente de construire une relation pour échapper à la réputation de vieux garçon. Dans son entreprise, Ray s’absente beaucoup (comme un certain Dexter), ce qui déplaît à sa femme et à ses enfants. Déjà fatigué par les histoires des Donovan, Ray doit en plus subir le sermon de l’autre famille, celle qu’il a construite avec Abby et ses enfants. Ce qu’il subit, nous – en tant que spectateurs – nous le subissons aussi : ces répétitives querelles agacent rapidement. Et ce n’est certainement pas Mickey Donovan, le patriarche de la tribu, trop occupé à s’adonner aux plaisirs de la liberté de sorti de prison, qui donnera aux affaires familiales un soupçon d’intérêt.
Les affaires familiales - parlons-en - finissent en fait par prendre rapidement le dessus sur la vie professionnelle de Ray, pourtant – et par défaut – l’aspect le plus intéressant de cette série. On y découvre l’envers du décor hollywoodien, ses célébrités, leurs agents… chacun ayant leur grain de folie. Hélas, les personnages les plus dignes d’intérêt sont rapidement écartés, souvent par une balle dans la tête d’ailleurs. Simple et efficace. Et encore, la plupart des épisodes sont constitués de dialogues creux et interminables, d’un jeu d’acteur correct si on est bon public et de situations qui nous indiffèrent, tant il est difficile de s’attacher aux personnages. À l’instar de sa grande sœur « Dexter », « Ray Donovan » est une série prétentieuse et monotone, qui accumule les facilités scénaristiques sans rougir.