Réalisation impeccable, acteurs principaux géniaux, sujet sulfureux, que manque-t-il donc à cette deuxième saison de Masters of Sex pour rivaliser avec la première, excellente? Eh bien à priori du rythme couplé avec une recentralisation vers l’étude en elle-même. En effet, après avoir résolument axé sa série sur le thème de la recherche sulfureuse sur la sexualité par le docteur Bill Masters et son assistance, Virginia Johnson, Showtime s’égare quelque peu dans les méandres des amourettes extraconjugales, des conflits raciaux de l’Amérique des années 60, référence faite au combat mené par Martin Luther King et les siens. En définitive, cette seconde saison, s’appuyant sur la base solide initiée précédemment, se permet d’avantage de chemins détournés, de sous-thèmes plutôt maladroits, toujours cette lutte raciale impliquant la brave Libby. Au surplus, le visionnage de l’intégralité de la saison est particulièrement aléatoire du fait d’une coupure nette entre sa première et sa seconde moitié. Le saut temporel amorcé lors du septième épisode, certes nécessaire à l’avancement du récit, paraît tout de même brutal.
Oui, Showtime, voulant élargir les horizons de ses protagonistes, évoluant jusqu’alors en huis clos dans les couloirs d’une maternité universitaire, propulse chacun d’entre eux dans des univers variables souvent bien distants les uns des autres. La première partie de la saison est à ce titre partiellement chaotique, l’étude du bon docteur passant d’un hôpital à un autre sans que le personnage de Virginia puisse s’y fixer. La seconde partie, plus homogène, permet de découvrir le cabinet privé du docteur et de sa muse, mais souffre d’un trop plein de scènes d’amour plutôt osées, scènes extraconjugales qui plombent l’avancée des recherches, le centre d’intérêt de la série, de nos deux lascars. Bien d’avantage encore que par le passé, la construction des épisodes se résument à une succession de longues séquences de dialogues entre des protagonistes pas toujours très intéressant, je pense là à Libby et son nouveau partenaire professionnel, et l’on s’en doute, intime, Robert.
En définitive, le sujet central semble donner l’impression d’avoir été survolé pour mieux s’égarer aux quatre vents, faisant évoluer les personnages dans de curieuses directions qui trouveront leurs justifications, on l’espère, à l’avenir. Pour autant, tout n’est pas si maussade dans le cadre de cette saison, les acteurs principaux faisant leurs boulots on ne peut plus sérieusement. Michael Sheen, somptueux roublard à la tête dure, illumine de sa présence chacun des épisodes, sans compter sur l’extraordinaire vivacité de sa comparse, l’attachante Lizzy Caplan. L’actrice semble avoir trouvé le rôle de sa carrière en cette femme libérée mais torturée, joviale mais sans cesse blessée par les évènements. La relation intime, complexe car perverse sur le plan moral, entre Bill et Virginia compose sans doute le véritable atout de cette saison, chacune de leurs rencontres étant légitimement intéressante sur tous les plans. Oui, si cette seconde volée n’est certes pas optimale, les deux protagonistes principaux y sont excellents et y développent une relation pour le moins captivante.
Dans une démarche finalement risquée qui n’aura que partiellement porté ses fruits, la preuve en est avec l’exclusion abrupte des personnages du doyen Scully ou encre d’Ethan, Showtime, entendant donner un nouveau souffle à sa sulfureuse série dramatique, ne parvient pas à convaincre un public jusqu’alors complètement acquis. On ne peut alors qu’espérer une troisième saison aux enjeux plus marqués, présentant une évolution plus tranchante dans les recherches menées, notamment pour celles initiées au profit du soin des indispositions sexuelles de certains de patients. Attendons de voir. 12/20