Je ne sais pas vous, mais moi, chaque saison de « The Leftovers » je l’ai toujours regardé avec un mélange de jouissance et de crispation. Jouissance parce que j’adorais l’alchimie que cette série avait su mettre en place – entre mystère fantastique et exploration de l’errance mélancolique de l’Humain – mais aussi donc crispation parce que j’avais peur à chaque instant du terrible faux pas. Cet équilibre que la série avait su trouver dès ses premiers épisodes avait pour moi quelque-chose de tellement miraculeux que j’avais du mal à la voir évoluer sans que tout cela ne finisse par s’écrouler, notamment au travers d’une révélation douteuse qui m’aurait tout de suite sorti du trip. Mais bon… Qu’il s’agisse de la saison 1 ou de la saison 2, les craintes furent nombreuses tant certaines tentatives scénaristiques s’étaient révélées nombreuses, mais à chaque fois, à chaque épisode, la série était toujours parvenue à retomber sur ses pattes. Donc oui, même si jusqu’à présent Damon Lidelof et Tom Perrotta avaient su me transmettre des gages de confiance, cette troisième saison n’en restait pas moins une saison de conclusion, et je ne pouvais m’empêcher de me crisper à nouveau en espérant que la fin de cette fable fantastique soit à la hauteur de l’événement… Eh bah, maintenant que je l’ai vu, je peux vous le dire : pour moi, elle l’est. Et elle l’est à 100%... Franchement, chapeau. Encore une fois, cette saison a su renouveler le postulat offert par ses prédécesseurs. Après avoir exploré ces deux mythes sensés nous réconforter face à l’incertitude de la mort, j’ai nommé l’American Way of Life (pour la saison 1), et la famille, voire la communauté (pour la saison 2), « The Leftovers » a donc décidé d’explorer le terrain de la religion ; de la croyance ; de la foi… Et encore une fois, il explore ce terrain avec audace, mais aussi et surtout il l’explore avec talent. A chaque fois, les situations posées se révèlent délicieusement ambigües. On se laisse porter à nouveau par l’appel mystique de chacun de ces personnages, espérant au fond de nous qu’il nous donne une révélation sur tout ce mystère, même si dans la foulée, on sait parfaitement nous démontrer à quel point cet appel mystique relève aussi d’une pure folie ; d’une envie de trouver une explication ou une solution coûte que coûte, qu’importe le bon sens et la raison… Encore une fois, le parcours des personnages est magnifique d’humanité, de questionnement, de sensation, de mélancolie… Et comme je le disais plus tôt, je trouve que cette série a su vraiment choisir la meilleure manière de se conclure. Je n’ose en dire davantage de peur de souiller votre expérience. Pour ceux voudraient en savoir plus je développe davantage la question son mon blog. Pour les autres, sachez donc simplement que désormais, suite à cette conclusion magnifique, cette série fait clairement partie de mon panthéon personnel. Quelle lucidité que d’avoir limité l’intrigue qu’à trois saisons ! Quel génie que d’avoir su alimenter avec autant de densité un tel postulat ! Et surtout quel talent que d’avoir su à ce point transformer cette aventure en expérience sensible, délicate et émouvante ! Non vraiment… Pour moi, jusqu’à présent, Damon Lindelog n’était que l’auteur de « Lost », et ça ce n’était pas glorieux. Maintenant, dans mon esprit, ce gars et aussi l’auteur de ce « The Leftovers » et ça, à mes yeux, c’est juste l’une des plus belles choses qui soit pour un auteur…