Je l’avoue, cette série me scie… Pour qui tombera sur cette saison 2, celle-ci commence quand même par une sacrée prise de risque, à la fois formelle, à la fois scénaristique. Et l’air de rien – on l’oublie trop souvent – mais une prise de risque, surtout dans une série comme ça, c’est quand même vraiment du tout ou rien. Soit ça marche et dans ces cas là on dit « chapeau ». Soit c’est un flop et dans ces cas là on constate le gâchis. Et honnêtement, comme la première saison, je dois reconnaitre qu’il m’a fallu encore une fois quelques épisodes pour adhérer totalement aux choix opérés par le duo Lidelhoff / Perrotta. Sur toute la première moitié de la saison, j’ai connu un drôle de jeu de montagnes russes, où la série a une fois de plus effectué son jeu d’équilibriste entre fantastique et mystique d’un côté, et conte désenchanté et rationnel de l’autre. Si certains épisodes m’ont totalement happé (le 2 et 4), d’autres m’ont laissé plus sur ma faim (le 1 et le 5), tandis que le 3, lui, clairement, m’a fait frôler le décrochage (j’avoue, je m’attache beaucoup moins aux personnages et aux problématique de Laurie et de Tom que je ne peux le faire par rapport à celles de Kevin et de Nora). Mais bon, encore une fois, l’enchaînement des épisodes, la résolution progressive de tous ces mystères savamment entretenus et démêlés, et le remarquable savoir-faire en terme d’atmosphère (l’épisode 8 dans l’hôtel : juste culte !) font qu’au final, le chat retombe à nouveau sur ses pattes, et pas n’importe comment. Parce que l’air de rien, en plus d’enrichir l’univers déjà très séduisant de la saison 1, la saison 2 parvient aussi ce tour de force d’élargir le propos de « Leftovers ». Si la première saison cantonnait essentiellement son propos au rapport qu’entretiennent les individus face au deuil, à l’incertitude de la vie, et donc du coup – forcément – au mode de vie même prôné par le modèle d’américain ; là, dans cette seconde saison, c’est la structure familiale qui davantage ciblée. Concessions, mensonges à soi, mensonges aux autres, croyances qu’on met dedans pour faire vivre la cellule familiale et s’y retrouver. La série ose tout aborder, avec toutjours ce même air de mélancolie, de désabusement, de sincérité surtout. Il est bien rare, je trouve, qu’une œuvre ait aussi utilisé le ressort fantastique pour mieux nous faire partager et ressentir le pouvoir de la peur et du déni dans notre vie de tout les jours… L’expérience est une fois de plus enrichissante, touchante et donc oui, presque mystique. Quel exercice casse-gueule, mais quelle réussite. Franchement, « chapeau »… Vivement la saison 3.