The Leftovers est un récit incroyable sur le deuil et les différentes manière de le surmonter. La réflexion est poussée à son paroxysme puisque le deuil est mondial: 2% de la population a disparu de la surface de la planète en un instant. Le concept est irréaliste, évidemment, mais partir de là est une idée fascinante et presque scientifique : c'est une expérience sociale consciemment exagérée qui vise à imaginer comment une société gère les conséquences d'un tel événement. Si l'on ne nous explique pas l'origine des disparitions, cela ne choque pas non plus. Comme de nombreux films sur la fin du monde, celle-ci devient un simple prétexte pour en imaginer les conséquences sur l'homme et ses rapports avec les siens. Evidemment ici, la référence à des événements comme les attentats du 9/11 est claire. La date marque les esprits. L'après s'est parfaitement déliée de l'avant-14 octobre, créant des réactions extrêmes et variées du côté des victimes directes, et même indirectes. Il est très intéressant de voir comment la société post-14 octobre dans The Leftovers a perdu tous ses repères. Plus personne ne sait plus que croire. Ceux qui avaient foi fuient les Eglises, joignent de nouveaux cultes qui les aideront peut être à surmonter leurs peines. L'impuissance des personnages est totale. La jeunesse se déprave comme s'ils pouvaient disparaitre demain, à leur tour. Beaucoup se contentent dans leur sentiment de tristesse, comme si la douleur était capable de ramener leurs proches disparus. Tout le monde est affecté par cette date, de près comme de loin. L'équilibre social a été rompu et rien ne sera plus jamais comme avant. The Leftovers est une série puissante et extrêmement bien menée. La disparition de masse est un prétexte dont on accepte de laisser l'origine de côté donc, tant que les conséquences nous sont montrées de manière réaliste. HBO sait choisir ses séries, c'est indéniable. La qualité avant tout, l'écriture est un atout et lorsqu'on laisse à des gens talentueux la possibilité de montrer leur imagination, alors la sauce prend et l'on se laisse emporter comme si nous y étions. Comment réagirions nous à la place de chacun des protagonistes, vivant des situations semblables et si différentes? Avons-nous déjà vécu un événement comparable? La disparition/décès d'un être cher? Avons nous été affecté par la disparition de personnes que nous ne connaissons même pas?, etc. Pour toutes ces raisons, The Leftovers devient même une expérience intime, qui fait écho à notre propre réalité. Le choix du casting était évidemment délicat, tant le jeu demande une sensibilité presque métaphysique. Là encore, c'est une réussite. Justin Theroux mène la barque avec une énergie folle, et rend tout ce petit univers parfaitement crédible, en accord avec les autres acteurs, tous très authentiques dans leurs rôles. Enfin, s'ajoute à tout cela un travail de l'image et de la musique harmonieusement accompli. La partition de Max Richter est belle et mélancolique à la fois, et respecte merveilleusement le ton donné, comme il a d'ailleurs su le faire plus tôt pour Waltz with Bashir ou Perfect Sense. Bref, tout est dit, l'expérience m'a conquis et j'en redemande encore. Merci HBO.