Orange is the New Black poursuit sa descente aux Enfers des séries usées avec une saison 6 poussive, facile et terriblement caricaturale. Les événements de la saison 5 ayant conduits à la séparation des membres du casting, des remplaçants sont choisis afin de refaire exactement la même chose dans un nouveau cadre. Boo devient Daddy, Leanne et Angie sont remplacées par une autre droguée blonde au cerveau bouffé par les opioïdes, Kukudio se transforme en Badison, un personnage tellement fatigant, stéréotypé et ridicule que c'en est presque drôle. Pendant ce temps, toute cette partie du casting original est abandonnée et n’apparaît que le temps d'une scène, le temps de permettre à Linda Ferguson de retourner à la vie civile. Dommage, mais surtout profondément irrespectueux envers le casting. En conclusion de la saison 5, Jenji Kohan expliquait que le scénario ressemblait à une fan-fiction car une grande partie de l'équipe de scénaristes avait été remplacée, cette saison 6 était donc supposée remettre la série sur les rails. Plus cohérente, plus réaliste, plus profonde tout en apportant les moments légers des saisons 1 à 4. A mes yeux, il s'agit d'un échec. Les détenues abandonnées en fin de saison 5 sont maintenant dans l'unité de sécurité maximale de Litchfield, reparties entre trois blocs
et sous investigation pour la mort de Piscatella, que l'équipe d'intervention a maquillé en assassinat. Ce qui constitue déjà un choix scénaristique discutable. Pourquoi maquiller cette mort alors que Piscatella n'avait rien à faire dans la prison et que son décès était accidentel ?
. De ce choix découle toutes les thématiques importantes de la saison. Et le problème est là, car cette multiplicité de thématiques empêche à nouveau de les aborder avec la moindre profondeur. Difficultés psychologiques et maladies mentales, PTSD, automutilation, racisme, Black Lives Matter, violence et abus envers les détenues ou entre détenues, immigration, fertilité, drogues ou encore justice... La série joue sur son nombre de personnages pour évoquer tout ça mais s'empêche justement la profondeur que ces thématiques mériteraient en étant piégée par la multiplicité de ses personnages.
La question de fond étant la justice, à travers le destin de Taystee, permettant d'aborder brièvement le mouvement BLM. Ce qui constitue probablement la plotline la plus incohérente de la saison. Pourquoi Cindy ne dit-elle rien, ne serait-ce qu'à Taystee ? Pourquoi la vidéo de Piscatella torturant Red et blessant Alex n'est-elle pas utilisée ? Pourquoi Red n'est-elle pas appelée à témoigner ? Ou les membres de l'équipe d'intervention ?
En vérité, c'est aux incohérences scénaristiques que cette construction anarchique semble bénéficier, évitant d'avoir à expliquer tout ce qui manque de sens ou de réalisme en passant de séquence en séquence, passant des pans entiers de la vie des détenues sous silence. Alors que la fin de la série semble s'annoncer, on était en droit d'espérer des conclusions satisfaisantes ou de voir des messages importants se dégager, ce qui n'est pas le cas. Sur le fond, cette saison suit un schéma similaire à la saison 2, humour et légèreté en moins.
Vee est remplacée par Barbs et Carol, deux sœurs qui se détestent, créant des tensions entre les blocs C et D, que chacune contrôle, l'escalade de coups bas conduisant à une fin similaire.
En définitive, ce qui manque le plus à cette saison, tout comme à la saison 5 avant, est l'humanité. La sensibilité qui existait dans les premières saisons est de plus en plus remplacée par des émotions faciles et rapides, quelques larmes vite versées et un rire occasionnel qui ne parviennent plus à créer une consistance comme y réussissaient Miss Claudette, Soeur Ingalls ou, ma favorite, Miss Rosa.
A noter d'ailleurs que les flash-backs renforcent le problème. Là où il y en avait parfois trop dans les saisons précédentes, cette saison consacre à peine trois séquences au personnage que chaque épisode met en avant
. Bref, une série qui s'essouffle à force de se répéter et dans laquelle les surprises ou les bons moments se font rares. Les gardes sont méchants, le personnel administratif est incompétent ou indifférent et les détenues tournent en rond... C'est déprimant, parfois long et pénible, mais surtout inquiétant pour une série qui avait tant à dire et ne parvient pas à se faire entendre.