Le final de la saison quatre laissait entrevoir la possibilité d’une émeute. Promesse tenue. La cinquième saison du phénomène Orange is the New Black nous fait l’offrande du bref moment de rébellion, sur trois jours, des détenues de Litchfield. Engagée, vive, la série de Jenji Kohan poursuit son bonhomme de chemin entre une certaine délicatesse, un humour aléatoire, une dramatisation toujours nuancée par le caractère des personnages. Réussie, certes, cette cinquième saison tranche pourtant avec les quatre cuvées précédentes de par sa temporalité, son message, ses intentions de véritable chaos carcéral. La privatisation de l’établissement, le délabrement des conditions de vies derrière les barreaux, un certain drame, tout ça aura fait monter la tension jusqu’à une rupture inévitable. Les détenues prennent le contrôle de la prison.
Les règles changent, des personnalités s’affirment alors que d’autres s’effacent, les combats à mener ne sont pas tous les mêmes. De la négociation à proprement parler à la simple liberté d’évoluer comme bon leur semble, les prisonnières se confrontent, s’entraident, s’allient ou se déchirent face à la fatalité, face aux opportunités de ces moments sans contraintes, sans ordre établi. Astucieusement, Jenji Kohan sera parvenue à retourner quelques-unes de ses protagonistes en inversant leurs conditions. Amusant, dès lors, de voir Susan, pour l’exemple, se morfondre alors que le monde autour d’elle semble s’épanouir. La loi et l’ordre de sont plus. Place à l’anarchie, ou tout du moins, à quelque chose s’y rapprochant. Mais le couperet finira bien par tomber.
Netflix, sans le moindre doute, sera ici parvenu à faire ce que d’autres shows de son catalogue ont échoués à reproduire, le buzz. Sans conteste, Orange is the New Black fascine, captive et fait, chaque année, monter sa mayonnaise tout en perpétuant une certaine continuité. Ce qui n’était initialement que l’histoire d’une certaine Piper Chapman découvrant l’enfer carcéral s’est mué en un projet bien plus vaste, plus faste. Les personnalités ne servent ici plus qu’à alimenter un ensemble d’une remarquable diversité. L’individu, s’il compte, ne rivalise dès lors plus avec la globalité. A chacun son moment de gloire, de tristesse, à chacun ses apparitions, mais le tout se veut en définitive bien plus imposant que les individualités.
Difficile, dès lors, de prédire l’avenir qui sera réservé aux mutines de Litchfield. Espérons simplement que la série, l’année prochaine et peut-être la suivante encore, parviendra à rester sur sa très belle lancée. Place donc à l’émeute, pour ceux qui pourraient s’y intéresser. 16/20