Transition entre une routine semi-comique et un chaos dramatique? Jenji Kohan et ses taulardes reviennent donc, sur Netflix, évidemment, pour une quatrième saison qui répondra immédiatement à la relativement faible dramaturgie de la saison précédente. On ressert concrètement les rangs, du côté d’Orange is the New Black, bouleversant le train-train quotidien de Litchfield en y ajoutant une nouvelle pelletée de détenues, en confrontant son directeur aux aléas de la gestion d’entreprise privée, en incluant dans l’enceinte de la prison des notions tels que meurtres, guerre de gangs et abus de pouvoir. Bref, les choses ne tournent plus aussi rond que précédemment, pour notre plus grand plaisir. Attention, la série conserve pour autant son atout tragi-comique, pierre angulaire du show, mélange d’humour décapant et de drames touchants.
On bouleverse l’ordre établi, donc, mais pas trop. Une remontée en puissance qui ravira les fans de la première heure, déçus de la légèreté de la troisième saison. On notera, par ailleurs, les réelles intentions de Kohan de rééquilibrer la balance coté personnages. Notre chère Piper est donc ici reléguée, habilement, au rang de simple prisonnière, les scénaristes privilégiant logiquement, à ce stade de l’aventure, l’harmonie de l’ensemble. On sent l’effort consenti, tout au long de cette saison, pour un partage du temps, de l’attention, entre les différentes détenues et autres gardiens. C’est harmonieux, équilibré, le tout rentrant parfaitement dans le canevas du show télévisuel exemplaire, faisant oublier les nettes velléités des prémices d’orienter la série vers une toute petite poignée de protagonistes. On varie, en somme, le panel proposé.
Cette quatrième saison, sans révolution, sans réinvention, est une réussite admirable. Souvent drôle, souvent touchante, la série renforce ses fondations, redresse les piliers malmenés précédemment et revient concrètement prétendre au titre de meilleure dramédie de l’année. On apprécie l’effort narratif, la qualité des interprétations, le rythme imposé, sans rechigner ni même se plaindre des quelques longueurs, aucun épisode, sur les treize proposés, ne durant moins d’une heure. C’est tonique, intelligent et efficace, un modèle du genre, à l’image de ce qui fût fait durant la deuxième saison.
On peut donc se nourrir de l’espoir de voir débarquer, en juin 2017, une cinquième saison de haute volée, une saison chaotique qui verra peut-être Jenji Kohan et ses scénaristes lâchés complètement les freins et nous offrir de l’émotion brute. En effet, comme pour toute entreprise similaire, les choses doivent bouger, ne jamais stagner, ce qui semble annoncer la fin de la saison, un cliffhanger pur et dur. Impatient, donc, de découvrir les suites qui nous serons concoctées. 16/20