L'histoire de cette série britannique fait l'effet d'un uppercut: Mia est un transsexuel, très jolie fille mais très esseulée, qui est tueuse à gages pour se payer l'opération qui fera d'elle une femme à part entière. Une vie on ne peut plus underground donc, et en même temps très rangée d'une certaine façon, ou que Mia semble aborder ainsi en tout cas. Jusqu'au jour où elle reçoit une lettre de son ex-petite amie, souvenir d'une autre existence où elle s'efforçait d'être un homme comme les autres. La jeune femme, mourante, lui avoue avoir eu un fils de leur relation et lui demande de prendre soin de lui. C'est ainsi que Mia se retrouve dans une modeste petite ferme de la campagne anglaise, avec cochons, poulets et renards, et surtout avec quatre gamins ainsi qu'un formulaire à signer pour devenir leur tutrice légale. Il y a là Ryan, son fils de 10 ans, mais également deux aînés d'une (ou de deux) unions précédentes qu'elle a connu tout petits, Riley 16 ans et son frère Levi, puis enfin Leonie, petite fille à qui sa maman manque beaucoup et qui adopte très vite Mia. [A ce propos, les Anglaises auraient-elles un problème avec la contraception ???] Les relations avec les aînés sont plus compliquées, tout particulièrement avec Riley, adolescente précoce habituée à se débrouiller seule et écorchée vive. Mia découvre alors que tous les problèmes du quotidien ne peuvent pas se régler à coup de calibre. Mais elle apprend aussi la responsabilité et le soucis de l'autre, alors que l'amour de ces enfants semble enfin donner un sens à sa vie.
La série nous brosse une Angleterre très sauvage socialement parlant, où des orphelins restent livrés à eux-même, avec un voisinage au mieux indifférent, au pire prédateur.
Chloë Sevigny incarne avec charme, sensualité et un indéniable courage un transsexuel sensible. L'identité, celle que l'on ressent et celle que l'on croise dans le regard de l'autre, est bien sûr questionnée, sans que ce soit un point central. Cette interrogation se nourrit par contre de façon fine de la problématique des origines, de la famille et du milieu social.
Le côté gangster et tueuse à gages m'a paru par contre totalement anecdotique; il ne sert qu'à venir pimenter davantage encore le pitch de la série, peut-être également à marquer le décalage entre la vie de Mia et celle à la ferme, mais d'autres activités moins extrêmes l'auraient fait tout autant.
La rencontre entre Mia et les enfants est selon moi le vrai temps fort de la série, car malgré ce qu'on pouvait s'imaginer au départ, il ne s'agit pas du tout d'un show haletant et boum-boum. Qu'est-ce que l'amour d'une famille ? Qu'est-ce que prendre soin d'enfants, et peu importe s'ils ne sont pas les siens ? La petite ferme (c'est le terme employé dans la série, tout sauf un hasard vu les connotations dont il ne manque pas de se parer...) devient le cœur de cette famille improbable, où la confiance se gagne assez chèrement et où on est prêt à tout pour protéger les siens.
Hit & Miss, c'est un peu La petite maison dans la prairie au pays des transgenres. Rien de si sulfureux, mais plutôt une belle histoire d'amour entre une presque femme et des enfants qui finissent par se choisir.