Evidemment, c'est autre chose que Derrick, l’increvable feuilleton de l'Eternel Retour prescrit aux insomniaques en guise somnifère !… Et surtout ça laisse loin derrière Simenon, Agatha Christie et tous les autres auteurs de polar ! Sans même mentionner les feuilletons français plus nuls les uns que les autres, des commissaires Moulin, Meunier, Durasoir à Moussa Rhaze et Silverwilks Kineson. Là il y a le drame psychologique, le drame policier, le drame familial, celui de la dynastie Alarcon, larbins de millionnaires prétendant au marquisat, bref la comédie humaine jouée avec justesse par tous les personnages, plus vrais que nature. Un chef d'œuvre digne des séries britanniques de Jane Austen, "Orgueil et préjugés", "Raison et Sentiments", etc. Avec un suspens qui tient sans cesse en haleine, autre chose que l'Affaire Saint-Fiacre ! C'est même digne de Stendhal ("Le Rouge et le Noir" — tiré d'un fait divers authentique, Stendhal a suivi, sous la Restauration, avant 1830, le procès d’Antoine Berthet, modèle de Julien Sorel (il y avait beaucoup de Rastignac à l’époque), comme "Le Comte de Monte-Cristo"— tiré d’un fait divers qui s’est produit à Marseille — a inspiré son roman à Alexandre Dumas père — je ne parle pas, bien sûr, de l'adaptation grotesque à la télévision de Josée Dayan — et Stendhal s’est aussi inspiré de la réalité pour écrire "La Chartreuse de Parme"). Dans « Grand Hôtel », série espagnole magistrale — rien à voir avec celui de Greta Garbo —, les hommes de la dysnastie Alarcon sont de beaux salauds mais, dans le genre, les femmes sont encore plus stupéfiantes ! Toutes écoutent aux portes ont des oreilles qui traînent au coin des couloirs, donnent des bouillons pour faire avorter une jeune fille et maquillent un assassinat en accident, comme la gouvernante des domestiques, Teresa qui a pour modèle la patronne de l’hôtel ! Reste que le succès de ce feuilleton a été immédiat et quasi-universel, comme celui du feuilleton « Le Destin de Rome », autre chef d’œuvre, où le réalisateur fait parler ses personnages dans le latin d’époque qui a été reconstitué, grâce à de graffiti phonétiques découverts dans des ruines romaines.