Une série française bien ficelée, bien menée, et avec des moment tout à fait justes (par exemple la cérémonie de Noël dans le petit village breton où les séminaristes remplacent le curé dépressif).
Malheureusement elle est aussi bourrée de clichés et de situations faciles, d'erreurs et autres inexactitudes qui auraient sans doute pu être évités avec une meilleur information et un peu moins de parti pris. Passons sur une hiérarchie catholique manipulatrice et avide de pouvoir, digne des meilleurs heures de la dynastie Borgia, passons sur un pape fantoche et complètement demeuré qui prend ses rêves débiles (un indien d'Amérique à poil) pour des messages divins (et à côté, imaginez le pape François, ou même Benoît XVI...). Et passons, surtout, sur les fantasmes des auteurs qui prêtent des histoires de fesses pleines d'imagination à tous les séminaristes de l'histoire - sauf un, qui finit avec une balle dans la tête. La sexualité des prêtres, visiblement, y'en a que ça travaille... :-)
En revanche on peut difficilement passer l'histoire d'un directeur de séminaire, fût-il parisien, qui ferait trembler les édiles du Vatican dans leur soutane. Aussi subversifs et insoumis qu'ils puissent être, aussi tendues que puissent être leurs relations avec leur évêque (leur supérieur hiérarchique), Rome a bien d'autres chats à fouetter que de s'occuper des directeurs des séminaires qui ne relèvent de toute façon pas de sa compétence, mais de celle des églises locales. Et si vraiment un évêque ne supporte plus l'un d'entre eux (ça peut tout à fait arriver) il n'a aucun besoin d'en référer au pape, il a toute latitude pour le révoquer dans ses fonctions comme dans n'importe quelle autre organisation.
Il y en a bien d'autres, tout au long des 6 épisodes, de ces détails irritants qui montrent que les auteurs ne maîtrisent pas totalement leur sujet : non, les catholiques africains n'ont pas pour coutume de lancer des "amen" et autres "alleluia" pendant les sermons (c'est une pratique des protestants évangéliques américains) ; non, un séminariste ne peut pas s'absenter pour aller faire autre chose (s'occuper de l'entreprise de son père, accompagner les concerts d'une chanteuses junkie, ou rentrer soigner sa déprime chez ses parents) sans concertation avec le séminaire et les responsables de sa formation, comme dans n'importe quelle école.
Et le clou du tableau, c'est la place donnée aux femmes dans l'Eglise. Il n'y en a qu'une seule dans la série, une petite religieuse sexy au décolleté charmant, que le directeur tutoie mais qu'elle vouvoie, et qu'on voit partir à la fin avec son petit sac à dos d'un autre âge, comme un rat qui quitte le navire.
Son rôle, au séminaire ? Elle ouvre la porte aux visiteurs et elle fait la cuisine. Charmant.