James Brown – Say it Loud : Episodes de la saison 1

"Mon père avait l’habitude de dire : 'Je suis né mort, donc j’ai dû me faire une vie'", se souvient sa fille Yamma. Né en 1933, James Brown grandit à Augusta, en Géorgie, dans la musique et la misère d’un Sud ségrégationniste, entre champs de coton et violences de son père. Abandonné par sa mère, l’enfant vole pour survivre. Ce virtuose des claquettes et du buck dancing se produit aussi devant les Blancs. Condamné pour attaque à main armée à 16 ans, il forme un chœur de gospel derrière les barreaux et assiste à un concert du chanteur Bobby Byrd. Avec ce mentor, James Brown, à sa sortie, fonde son premier groupe, influencé par Little Richard. Quand il enregistre "Please, Please, Please", le titre se hisse aussitôt au sommet des charts, son groove, sa voix suppliante et sa présence éclipsant ses aînés. En 1962, lui qui ne croit qu’en Dieu et en lui-même autofinance son légendaire album Live at the Apollo, concert à l’énergie inégalée retransmis à la télévision, qui électrisera le public blanc. La carrière de "Mr. Dynamite" est lancée.

Au cours des années 1960, James Brown, showman acharné, est consacré "Soul Brother Number 1". La star planétaire rejoint le mouvement des droits civiques et s’impose comme l’une des figures les plus influentes du Black Power. Son titre "Say it Loud: I'm Black and I'm Proud" sera érigé en hymne. Grâce à son charisme incandescent, le chanteur harangue et mobilise les foules, promeut l'entrepreneuriat noir et se voit bientôt célébré comme "l'homme noir le plus important d'Amérique". Le monde entier est gagné par son funk : les morceaux "I Feel Good", "Papa's Got a Brand New Bag", "Get Up (I Feel Like Being a) Sex Machine" ou "It’s a Man’s Man’s Man’s World", deviendront bien plus que la bande-son de la communauté afro-américaine.

Dans les années 1970, la vague disco submerge la planète, empruntant parfois à son funk, mais l’aura de James Brown commence à faiblir. Empêtré dans ses démêlés avec le fisc et un conflit avec sa maison de disques, il sombre dans l’addiction à la drogue et à l’alcool. Menacé de prison pour avoir brandi une arme dans sa société, l’artiste businessman vacille, avant que son épouse ne porte plainte pour violences conjugales aggravées. Dans cette descente aux enfers, sa performance, lors du festival Zaïre 74, à l’occasion du combat de boxe historique entre Mohamed Ali et George Foreman, fera néanmoins date. Mais si la génération du hip-hop, ainsi que Prince et Michael Jackson le revendiquent comme référence, James Brown perd de son aura. Jusqu’en 1980, où le film The Blues Brothers relance sa carrière qui connaîtra aussi un regain international avec Living in America paru en 1985 et couronné d’un Grammy Award.

Après un nouveau séjour en prison, à l’aube des années 2000, James Brown, désigné père du breakbeat, revient en force. Héros de la scène rap, et notamment de LL Cool J ou de Chuck D, il enchaîne encore – avec à peine moins d’énergie – les performances survoltées. Mais il lutte toujours contre ses démons, éprouvé par de nouveaux procès et la mort de sa troisième épouse. En 2002, son interprétation de "It’s a Man’s Man’s Man’s World", aux côtés et à la demande du ténor Pavarotti, l’installe définitivement au panthéon de la musique du XXe siècle, Jusqu'à peu avant sa mort, il se produit sur scène, avant de choisir le jour de la naissance du Christ, en 2006, pour la quitter définitivement. Une foule en larmes défilera pour lui dire adieu à l’Apollo Theater à Harlem où son corps est exposé.