Séance spéciale les funérailles des roses
A l'occasion de la journée internationale contre l'homophobie et la transphobie, projection du film de Toshio Matsumoto Les Funérailles des Roses.
La projection sera suivie d'un échange avec Kenzo di Maggio.
Synopsis : Tokyo, fin des années 1960. Eddie, jeune drag-queen, est la favorite de Gonda, propriétaire du bar Genet où elle travaille. Cette relation provoque la jalousie de la maîtresse de Gonda, Leda, drag-queen plus âgée et matrone du bar. Eddie et Gonda se demandent alors comment se débarrasser de cette dernière... Film interdit aux moins de 12 ans
Kenzo di Maggio est étudiant.e en Master Réalisation et Création à l’Université Paris VIII- Vincennes Saint-Denis où iel prépare actuellement l’écriture de son second court-métrage, après avoir terminé la réalisation de son premier film en avril. Parallèlement, Kenzo travaille depuis trois ans à un projet de recherche relatif aux productions cinématographiques pornographiques homosexuelles françaises des années 70, qui donnera lieu à une publication et une exposition, ainsi qu'à la création d’un important fonds d’archives. Iel est également scénariste, notamment pour un prochain film de Joseph Morder, et est intervenu en tant que conférencier.e lors du dernier colloque sur le cinéaste homosexuel français Guy Gilles, à propos de l’essence queer du film Absences répétées.
Pour en savoir plus sur le film :
Premier long-métrage de Toshio Matsumoto, cinéaste japonais venu du documentaire et de l’expérimental, Les Funérailles des roses dresse le portrait sans fard de la communauté des drag-queens tokyoïtes à la fin des années 1960. Cette réécriture pop et hybride du mythe d’Œdipe est à la croisée de plusieurs genres.
Le premier est d’ordre documentaire puisque Matsumoto s’attache à décrire le milieu homosexuel japonais de l’époque : il offre ainsi les rôles principaux de son film à des acteurs non-professionnels recrutés dans les clubs, et insère au sein même de la narration des témoignages d’anonymes, bouleversants par leur franchise et leur dignité face à la discrimination qu’ils subissent au quotidien.
Le deuxième est d’ordre militant puisque le cinéaste fait converger les luttes et les avant- gardes, aussi bien culturelles, sexuelles, politiques et cinématographiques. Revendiquant ouvertement l’influence de Jean Genet, en particulier son roman Notre-Dame-des-Fleurs (1943) se déroulant lui aussi dans le milieu travesti, Les Funérailles des roses montre la grande créativité et la scène bouillonnante du Tokyo underground où se côtoient drag-queens, jeunes cinéastes expérimentaux et révolutionnaires, et manifestants situationnistes. Tous ces personnages forment une Factory à la japonaise, faisant du quartier de Shinjuku un haut lieu de révolte et de renouveau culturel, où émergent des créatures célestes comme Eddie – clin d’œil à Edie Sedgwick, l’une des muses de Warhol –, interprétée par le jeune travesti Peter. Avec son intrigue lorgnant ouvertement vers la tragédie, Matsumoto livre une interprétation baroque et queer du mythe d’Œdipe et fait le choix d’une mise en scène radicale, reprenant des éléments du cinéma expérimental : film dans le film – quelques extraits de précédents courts-métrages du réalisateur y figurent –, accélérés musicaux – que l’on retrouvera plus tard chez Kubrick dans Orange mécanique (1971) –, intégration de bulles de bandes-dessinés directement sur l’image, scènes d’amour surexposées...
Plongée dans la vie des marginaux de Tokyo, Les Funérailles des roses est un document inestimable sur cette période et sur le milieu homosexuel nippon, mais aussi – et surtout – un grand film au langage cinématographique singulier, œuvre maîtresse de la Nouvelle Vague japonaise.
A partir du
17 mai 2024