On a beau sentir que Schrader a des idées de plans et d’ambiance, il sacrifie tout à la logique d’un scénario trop carré et encadré qui aurait gagné à n’être qu’un prétexte à faire naître un vertige total des souvenirs et des vérités possibles. D’où ce film de timoré qui laisse dans un profond état de frustration.
Comme dommage collatéral d’une performance d’actrice à ce point sinusoïdale, c’est fatalement le cabotinage qui vire à l’aigu. D’aucuns diront que le respect du personnage justifiait cela. On rétorquera que cela ramène surtout le biopic à sa fonction la plus faible : retranscrire sans chercher à transcender.
Grâce à ces deux personnages attachants, mis face à un acteur en vogue qui représente finalement ce qu’ils refusent dans le métier, et à un comique de répétition vraiment bienvenu autour du décor de la pièce et de la matière qui sert à le sublimer, Victor Rodenbach [...] nous concocte une comédie dramatique savamment rythmée, où l’émotion alterne avec le rire.
Frappant et glaçant, ''The Wall'' est un film sans concession, une plongée radicale au sein du racisme ordinaire, celui qui coule dans les veines de manière viscérale.
Ne cachant rien des humiliations régulières qu'elle doit endurer, Nabil Ayouch construit son film comme une double spirale inversée : celle d'un monde de fête se refermant sur cette chanteuse ambitieuse avec une noirceur grandissante au fil des marches franchies, et celle, opposée, d'une femme en partie résignée qui se libère progressivement grâce à sa ferveur et son art.
On s’amusera [...] de la participation de Rayane Bensetti en ex, semeur de trouble, et de Thomas VDB en naturopathe alcoolique. Mais le concept aboutit déjà sur un récit trop gentil et sage pour embarquer un large public.
Quête initiatique ? Recherche de rédemption ? Besoin de néo-filiation ? Errance sur fond de deuil impossible à exorciser ? Métaphore de la musique comme trace d’éternité ? On ne sait jamais sur quel pied danser là-dedans, tant le film court plusieurs lièvres à la fois tout au long d’un scénario mal conjugué au futur antérieur.
Comme dans ce genre de célébration, le trop plein de bruit et de musique s'impose par moment avec poids à un spectateur passif, qui ne se sent pas réellement invité à la fête. De plus, si les sujets plus sérieux qui se déroulent en fond, leur développement reste minimal, interrompu par le rythme effréné de la soirée.
Au-delà de l'intrigue autour de la recherche de l'ourson, gagné par un mystérieux homme à chapeau, les petits comme les grands s'amuseront du caractère obstiné du petit frère, persuadé que son père se déguise en père Noël, et dont le cerveau bouillonne à chaque nouvelle question.
Luisa Huertas livre ici un formidable numéro d’actrice, au sein d’un film particulièrement sombre, dans lequel il n’est certes pas facile de rentrer, mais qui apporte au final son lot de plans saisissants et sa part d’émotion.
Le parti pris du film signé Pablo Agüero pourra en dérouter certains, mais c’est au final un voyage assez envoûtant que nous propose le réalisateur, entre imagination fertile de celui qu'on connaît avant tout pour son conte "Le Petit Prince", sublimation picturale des paysages de montagne et du côté aventureux des pilotes de l’aéropostale, et influences qui conduiront à son œuvre majeure, et les dessins qui l'accompagnent.
Chacun pourra admirer ici la direction artistique. [...} Au delà, l’histoire offre une belle variation sur le thème de la différence et une parabole tout à fait contemporaine sur la montée d'une forme de colère dans les relations entre citoyens.
Si on a l’impression d’en apprendre autant sur cet environnement, c’est parce que la réalisatrice, Louise Courvoisier, sait de quoi elle parle. [...] On comprend mieux, alors, d’où vient tout l’amour qui circule dans ce film tendre, sincère, et drôle tout en réussissant à montrer la dureté de la vie rurale et des situations traversées par les personnages.
D’une utilité presque philosophique, on peut donc recommander fortement cet hommage sincère et vibrant à la liberté des choses, pour contrer cette censure préventive qui contamine de plus en plus nos sociétés.
Il aura fallu attendre douze ans pour que Jørgen Lerdam donne une nouvelle suite à ses aventures, présentant cette fois un Niko adolescent, soucieux comme Stella, de rendre son père fier, et confronté à ses premières responsabilités.
Suivant à la trace les différentes étapes de la vie de cet insaisissable punk à l’ego surdimensionné, le film semble célébrer ce personnage sans limites, opportuniste et violent. En enlevant le personnage du témoin admiratif mais inquiet qu'incarnait Emmanuel Carrère dans son livre, le cinéaste laisse du coup en suspend la question de ses intentions et de son propre point de vue sur cet homme trouble.
Centré sur des questions finalement morales (l’adultère, la confiance, l’engagement, l’emprise amoureuse...) le scénario déploie avec intelligence ses dialogues calculés pour mieux déstabiliser le spectateur lui-même.