Piège terrible en soit [...] "Accident domestique" pourrait sombrer à tout moment dans le mauvais goût ou le grand guignol, mais reste constamment sur le fil, entre humour très noir et tragédie [...] L'expérience est à la fois éprouvante et impressionnante.
Pas toujours convaincant lorsqu’il vise l’intimisme - apostrophes moralisatrices et pathos à la clé - le film fait en revanche preuve d'une réelle efficacité dans la retranscription des grandes lignes du « cas Milli Vanilli ».
Heiny Srour signe donc une œuvre profondément féministe et politique, à la croisée du cinéma expérimental, du documentaire, de l’histoire populaire et de l’art visuel.
Dans son scénario qui brille par sa limpidité, Valin ne sur-écrit ni les surprises ni le suspens. Le réalisateur a suffisamment confiance en l’intelligence du spectateur et à sa connaissance de ce type de récit pour éviter d’en rappeler les enjeux.
"Une jeunesse française" s'avère avant tout être le portrait touchant de deux jeunes hommes s'acharnant à exister aux yeux du monde et de la population les entourant, et qui, sans leur maîtrise de leur art et de leur sport, seraient à la fois invisibles comme individus et trop visibles comme enfants d'immigrés.
Cette vision déchirante du sentiment amoureux [...] achève de faire des "Linceuls" un mélodrame funèbre très émouvant, dont la froideur clinique et le rythme éthéré ne sont que les signes de politesse du désespoir de son auteur qui n'a plus grand-chose à prouver et qui, à l'instar de son double de fiction [...], semble vouloir se lover dans le chagrin et la volonté de retrouver son épouse regrettée.
Se laisser bercer par des mots et des images, voilà ce qu’offre "Rumours". L’écriture se fait si fluide que tout autour de nous disparaît. Sous ses aspects terriblement différents de "La Chambre Interdite", ce nouvel opus nous plonge finalement dans un état de contemplation quasi similaire. [...] Une fois encore nous traversons un long rêve inquiétant et sensuel, où poésie et trivialité s’enlacent en toute liberté.
Dans ce chemin cousu de fil blanc, "Ghostlight" est traversé par une écrasante pudeur, sa douleur est continue, éteinte et silencieuse, mais s’affranchit du drame pour se lover dans la décence, les larmes versées sont-elles curatives et apaisantes. Que cela fait du bien, parfois, de souffrir en silence.
Dire que Cillian Murphy porte le film tient de l’euphémisme, il le contient littéralement, l’habite de son mutisme bergmanien, transmettant génialement son silencieux enfer intérieur.
L’Histoire du soldat invite à une rêverie graphique, à un ballet orchestral, où les visages existent aussi bien par des contours définis au crayon que par des planètes scintillantes voguant vers le néant ; et où les corps vivent aussi bien par des chorégraphies théâtrales, que par des formes abstraites et démembrées, vacillant dans des compositions expressionnistes ou tourbillonnant dans l’eau — une eau à la fois reflet et abîme.
Véritable tour de force réalisé dans des conditions proches de l’amateurisme, rappelant ainsi le temps des grands artisans fauchés des années 80 (souvenons-nous des micro budgets d'"Evil Dead" de Raimi ou de "Basket Case" d’Henenlotter), "The Gazer" s’apparente autant à l’ultime sursaut d’une « façon de faire » qu’on pensait révolue qu’à un geste quasi-politique visant à prouver que l’existence d’un tel cinéma est encore possible.
Théâtralisation du corps et des mots, Simón comme Federico Luis jouent avec la prétendue frontière entre folie et conscience, ce qui est vrai, ce qui est faux. Mais lorsque le jeu lui s’arrête, il y a la magistrale liberté d’être, un être dans sa plus pure indéfinition.
Christopher Andrews, par le biais de son admirable et éprouvante série noire rurale, décortique avec une rare précision d'écriture le mécanisme de la violence, celle qui n'a pas lieu d'être, qui couve durant des années sans conséquence, qui se déclare à la suite d'un incident certes regrettable mais minime, d'abord timidement puis qui croît et croît encore jusqu'à sa prolifération incurable et définitive comme un cancer.
La Jeune Femme à l'Aiguille illustre l'art vénéneux des belles et des bêtes notamment dans son somptueux catalogue de monstruosités, qu'elles soient physiques et morales, qui finit par servir de fil rouge à l'oeuvre.
Au final cette chronique qui oscille entre des petites bulles de confinement prises sur le vif et des fragrances d’histoire familiale sait nous émouvoir et nous rappeler que, tant dans le silence de ces rues désertes que dans le tumulte de nos émotions et de nos pensées intimes qui les traversent, la notion de réel reste au final hautement subjective, une sorte de synthèse de nos sens, de notre histoire et de nos projections.
Premier long métrage du cinéaste grec Kostis Charamountanis également scénariste et compositeur, le film déploie la palette de talents de son auteur avec un art saisissant du rythme et du montage décalé.
CONTRE - Tout semble mécanisé, des dialogues qui se veulent choquants, mais qui se heurtent à leur propre limite, une forme d’automatisation franchement limitée par son écriture simpliste.
POUR - Un très joli film, à la lisière du folk-horror, porté par de jeunes actrices débutantes, toutes remarquables. Et si le sujet, maintes fois traité ces dernières années, peut nous paraître conventionnel, il n'en est pas de même en Pologne où la réalisatrice a mis près de 7 ans à monter son projet, se heurtant à l'industrie cinématographique de son pays. Ce qui rend "Wet Monday" aussi fragile qu’indispensable.
Le style élégant et délicat de Brac lui permet de saisir quelque chose de très juste de cette période charnière qu’est l’adolescence. Fuyant les sentiers balisés de la peinture sociologisante, il parvient à traduire des sentiments et émotions très forts qui rendent ces films universels. A son propos, la tentation d’utiliser le terme galvaudé de « poésie » est grande, car cette poésie, subtil mélange de tendresse, d’humour et de mélancolie, irrigue tous ses films et fait de Guillaume Brac l’un de nos cinéastes les plus précieux.