A voir le nouveau David Fincher se trémousser du côté de la métaphore systématique à coups de symboles gros comme des maisons (...), on finirait par croire que le jeune réalisateur est définitivement passé du côté d'un cinéma lisible à l'extrême, qui tente de faire passer un propos – politique – dont il s'empresse d'en atténuer la vigueur (...).
Davantage que la comédie ringarde aux répliques éculées qu'il s'imagine être, 3 Zéros est un film de nouveau riche, un carnaval crépusculaire où quelques caméos lugubres (Jean Tibéri célébrant un mariage blanc) viennent renforcer le malaise.
C'est très louable voire intéressant, même si le principe de la démonstration par l'exemple a ses limites. Quelque chose gêne ici, au niveau du modus operandi, notamment dans les deux premiers volets du film. A chaque fois, le même schéma "narratif" simpliste (...). Le tout bercé par la voix rassurante et paternelle de Daniel Karlin, dans la position de l'accoucheur des âmes troublées.
Que dire de cette Repentie, sinon qu'elle suscite une certaine forme de pitié à voir trois talents (Adjani, Frey, Masson) se fourvoyer ainsi ? Objet creux, vaguement arty, le film se voudrait dans la lignée de Love me précédente réalisation de Masson, infiniment plus convaincante.
Parle avec elle est à la fois le film le plus sensuel et le plus réflexif de son auteur, et tout passe par l'émotion – on y voit des hommes qui pleurent, comme nulle part ailleurs. C'est le film d'un artiste qui croit plus que jamais au cinéma.
(...) le film fonctionne sur le principe de l'agression permanente : dialogues hurlés, gros plans hargneux sur des visages en sueur, couleurs criardes, plans sous cloches et montage de boucher.
Le Voyage de Chihiro distille un enchantement et un sentiment d'une plénitude de la sensation avec l'assurance tranquille des grandes oeuvres impérissables.
A voir comment le film ne recule devant aucune facilité, on se dit qu'on tient là un bel exemple de bluette déniaisée, que Meg, petit soldat de l'amour, est une actrice fortiche et qu'après tout, on est preneur.
Crossroads, c'est une façon de mettre les points sur les i (on ne touche pas à une vierge effarouchée, à moins d'avoir les mains propres), tout en assurant la pérennité du fond de commerce (alimenter des fantasmes de cour de récré). C'est un peu la face B de Virgin suicides.
King Lear / JLG : une farce en images, sons, textes et paroles organisée par un clown au-delà du rire et des larmes ; des déflagrations de beauté transformiste qui arrivent sans crier gare, déchirent une bande son ornithologique presque agressive, perforent le film d'une émotion pure.
La mise en scène est à l'avenant, totalement toc et non maîtrisée. Le détail qui tue, ici, c'est la déferlante de scènes au ralenti : comme des 45 tours bloqués sur le mode 33 tours, elles ont la propriété de transformer les joues de Samuel Le Bihan en gelée à la framboise. Le ralenti est un art délicat.
Le reste du film est à l'avenant de ce climat de niaiserie atemporel. Les Morlocks sont très vilains, les Éloïs ont dû être recrutés pour une pub Tahiti douche, et Jeremy Irons, déguisé en Marilyn Manson albinos, ressemble au fruit des amours interdits d'un(e) Morlock et d'un(e) Éloï.
Le film de Jalili est une leçon de montage, mais le cinéaste ne s'arrête pas à ce simple dispositif esthétique, pour éblouissant qu'il soit. Du rythme répétitif de la mise en scène naît tout un arc-en-ciel de sentiments allant de l'émotion dépouillée (Kaïm racontant son histoire au médecin qui l'ausculte) au gag pur.
Ici l'humanité s'est perdue en route, mais quelque chose comme les vestiges du vivant et de ses habitudes perdure. Oshii, c'est son talent singulier, avance à la manière d'un maître de marionnettes qui, coûte que coûte, entretiendrait le rêve de l'homme devant une invisible assemblée.
A l'exception d'une incursion dans la parapsychologie qui nous vaut une poignée de scènes médicalo-guignolesques très série Z, le film est pour l'essentiel un duplicata raté de Ring 1.
Un soupçon de morale étriquée et petite-bourgeoise fait office de fond de sauce chez un cinéaste qui nous avait pourtant habitué au contraire, c'est-à-dire empoigner franchement et sans détour la question des clivages sociaux.
Rien ne passe vraiment à travers les murs de Gosford Park, ni un quelconque flux d'énergie, ni, par ricochet, une critique satirique et frontale à laquelle le film semble vouloir aspirer (montrer que, aujourd'hui, rien n'a changé).
Exercice pratique : dans la série "Sauvons la face des salauds", concoctez une rédemption en bonne et due forme pour Mr Grotowski (...) qui l'absoudra intégralement des tares citées plus haut et en fera un brave type aimable, comme on les aime.
Monstres & Cie est le film d'un passage : celui du simple défi technologique (en gros, un laboratoire fabuleux) à un monde en soi capable de générer ses propres doutes et incertitudes. La synthèse n'y est plus prétexte à une représentation forcément mortifère du monde (Final Fantasy) mais à la captation pure et simple de ce qui fonde la vie. C'est énorme.
Non content d'avoir massacré le film au montage, on l'assassine dans sa distribution. Rollerball mérite-t-il un tel traitement ? Mille fois non. (...) Il va sans dire que Rollerball est le contraire du film bourrin et sans cervelle que certains ont stigmatisé. (...) c'est au contraire une oeuvre moraliste sur la violence. Un grand film en somme.